« Pottok » se prononce pottiok et désigne tous les petits chevaux que l’on rencontre encore en liberté sur les landes et montagnes sauvages du Pays Basque Nord, sur les versants français. Les promeneurs de plus en plus nombreux les observent avec plaisir sans y prêter attention et le plus souvent ne s’en soucient pas plus que cela. Ils ne se doutent pas que parmi ces poneys de tailles et de morphologies variables, aux robes les plus diverses, se cache le très rare joyau de la faune originelle basque, en voie de disparition en raison des très nombreux croisements dont ils sont victime depuis une cinquantaine d’années : Le Pottok Primitif, Lehengo pottoka en basque.
Toujours noir avec des reflets roux dans les crins qui sont raides et sans aucune tache blanche, vif, fin, anguleux et libre comme le vent du sud, le Pottok Primitif est très probablement le descendant direct des chevaux préhistoriques dessinés par nos ancêtres sur les parois des grottes de Lascaux, Isturitz ou Altamira et dont les ossements présentent des mensurations identiques alors qu’ils sont datés au Carbone 14 par le Professeur Altuna de San Sebastian entre 3500 et 500 ans Av J.C.
Repoussé par les hommes sur les zones les plus pauvres afin d’utiliser les meilleures terres pour l’élevage des animaux domestiques, brebis, vaches, chevaux lourds, le Pottok Primitif a été de fait protégé par les Basques qui lui ont permis de se maintenir intact jusqu’au milieu du XXème siècle, seulement capturés lors de grandes battues pour vendre les poulains sur les foires d’Hélette ou d’Espelette.
On cite le cas de Pottoks Primitifs utilisés pour le « travail de la nuit » en raison de leur robe noire peu visible des douaniers comme dans le long-métrage de René Barbéris tourné à Sare en 1938 avec Louis Jouvet interprétant le contrebandier Ramuntxo, ou dans les mines de charbon au 19ème siècle car peu salissants.
Au début du 20ème siècle, le Pottok Primitif appelé Pottoka au Pays Basque Sud est capturé, apprivoisé jeune et utilisé par les bergers pour surveiller leurs troupeaux de brebis ou attelé à de petites voitures. De nombreuses photos attestent de l’homogénéité ainsi que de la robe noire du Poni Vasco Pottoka.
Puis avec le développement de l’agriculture intensive, ces petits chevaux noirs vivant à l’état sauvage sur des landes incultes ont été croisés avec des chevaux de trait afin d’obtenir des poulains plus lourds destinés à la boucherie, ou avec des poneys shetland aux robes bariolées, puis avec toutes races de chevaux et poneys depuis l’engouement des enfants pour l’équitation de loisir.
En 2022, que reste t-il du Pottok Primitif ? Quelques individus isolés parmi des centaines de poneys croisés qui arborent encore cette belle robe noire et une morphologie si particulière qui permet aux connaisseurs de le reconnaitre au premier coup d’œil. Car même s’il a été croisé, les gênes originels dominants s’expriment encore occasionnellement et le phénotype sauvage primitif résiste encore aux pollutions génétiques destructrices.
Regroupés ensemble et maintenus dans leur milieu naturel afin qu’ils conservent cette aptitude à vivre et se reproduire avec un minimum d’intervention humaine comme un cheval sauvage, tout en résistant aux parasites (mouches plates, tiques et vers), ces Pottoks Primitifs peuvent être considérés comme génétiquement stables au bout de trois générations.
C’est ce qui a été réalisé par Michel Laforêt avec un premier Troupeau Conservatoire sur la Réserve privée de la Maison du Pottok de Bidarray depuis 1992. Les jeunes étalons issus de ce Troupeau Conservatoire ont ensuite été replacés gratuitement sur les différents massifs afin de régénérer les populations disparates de poneys en tous genres et confiés aux éleveurs du Pays Basque Sud qui protègent et conservent le Poni vasco Pottoka de l’autre côté des Pyrénées.
Si le Pottok Primitif est toujours au bord de l’extinction au Nord, le Pottoka est en revanche sauvé au Sud avec des centaines de poneys basques noirs parfaitement typés et issus de plusieurs générations stables dans le type originel. A tel point que des juments Pottoka seront réintroduites au printemps sur la Réserve de la Maison du Pottok afin de renforcer le Troupeau Conservatoire et pour éviter les risques de la consanguinité.
L’Association Iparraldeko Pottoka est en cours de création afin de représenter la fédération EPOFE des éleveurs du Pays Basque Sud en France, pour préserver et protéger le Poni vasco Pottoka avec les mêmes critères de sélection dans tout le Pays Basque.
Des journées « Découverte du Pottok Primitif » seront de nouveau organisées à partir de l’été 2022 sur réservation à la Maison du Pottok afin de permettre à tous ceux qui désirent soutenir le programme de conservation de venir découvrir l’authentique Poni vasco Pottoka dans son milieu naturel.
Informations : www.maisondupottok.com ou tél. 06 19 74 30 20