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Cinéma
La Dame d'Onze Heures
La Dame d'Onze Heures

| Michel d'Arcangues 595 mots

La Dame d'Onze Heures

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Paul Meurisse, Pierre Renoir, Jean Tissier dans "La Dame d'onze heures" ©
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La société Lobster Films vient de rééditer en format DVD et Blue Ray deux chefs d’œuvre fort bien restaurés du cinéma français des années qui suivirent la Seconde Guerre Mondiale : La Dame d’Onze Heures et La Ferme des 7 Péchés, de Jean Dervaivre (1912-2004). 

La Ferme des 7 Péchés (1949), interprété notamment par le comédien Jacques DUMESNIL, relate l’assassinat de l’écrivain et pamphlétaire Paul-Louis Courier (1772-1825) dans sa ferme de Touraine. 

La Dame d’Onze Heures (1948) est adapté avec une certaine liberté d’un roman policier de l’écrivain et scénariste basque Pierre Apesteguy* (1902-1972), publié dans la prestigieuse collection « Le Masque » en 1946. 

L’intrigue : après avoir passé plusieurs années en Afrique, Stanislas Octave Séminario, dit S.O.S, né à Cambo, incarné par le jeune et sémillant Paul Meurisse, revient en France pour retrouver ses amis de la famille Pescara : Gérard (Pierre Renoir), patron d’une entreprise pharmaceutique, son fils Charles (Gilbert Gil), sa fille Muriel (Micheline Francey) fiancée à un jeune pharmacien, Paul Wantz (Pierre-Louis), mais dont S.O.S est amoureux. 
Depuis un certain temps, Gérard Pescara reçoit des lettres anonymes menaçantes signée « Vimy » qui alourdissent l’atmosphère de leur maison. 

S.O.S. décide de mener l’enquête à la suite du décès de Charles dans un taxi, lequel, avant de mourir empoisonné, murmure une phrase bien mystérieuse : « la dame d’onze heures ». 
Charles avait commencé d’enquêter sur l’affaire Pescara avant sa mort brutale.
La quête de S.O.S. le mènera dans un village du nord de la France ravagé par les guerres, où se trouve une étrange clinique d’aliénés, il finira pas découvrir la vérité de cette étrange affaire. 

Le film est original, surprenant et novateur, sa forme est peu conventionnelle dans la production cinématographique de l’époque.
Il n’y a pas de générique de début, l’intrigue du film nous est sommairement et directement exposée et les personnages nous sont présentés comme d’inquiétantes marionettes suspendues à des fils manipulés par une main diabolique.

Le montage est vigoureux et particulièrement rapide, le rythme du film est trépidant, sans temps morts malgré l’abondance des dialogues, lesquels, écrits par Jean-Paul Le Chanois, cinéaste et scénariste de renom, sont efficaces et bien ciselés, l’image en noir et blanc du directeur de la photographie René Gaveau (1900-1972) est contrastée et magnifie les scènes dramatiques tournées en décors naturels, les acteurs sont tous excellents jusque dans les seconds rôles où l’on voit défiler une brochette de têtes bien connues des cinéphiles qui ont fait la gloire du cinéma français : l’inévitable Jean Tissier – le nonchalant qui passe – dans un rôle de domestique impertinent et loufoque, Gilbert Gil qui joua souvent les jeunes premiers, le solide Pierre Renoir, frère de Jean et petit-fils d’Auguste, que l’on retrouvera dans le chef d’œuvre de Marcel Carné et Jacques Prévert Les Enfants du Paradis, Jean Brochard dans le rôle du juge, Jean Debucourt qui fut la voix de Dieu dans la série des Don Camillo avec Fernandel, Pierre-Louis qui fera carrière à l’O.R.T.F., Junie Astor et son visage très dramatique, Pierre Palau qui s’illustra dans La Main du Diable de Maurice Tourneur, Marcel Peres, Sinoël, Georges Bever qui font des apparitions brèves mais remarquées. 

Jean Devaivre tourna son film en fauteuil roulant après avoir subi un accident de moto pendant la répétition d’une scène de cascade.
La Dame d’Onze Heures, produit avec un budget limité par Jean Devaivre et son épouse Simone, obtint un grand succès dès sa sortie dans les salles obscures.
Cet excellent metteur en scène arrêta sa carrière à la fin des années 1950 après avoir tourné une douzaine de longs métrages et écrit de nombreux scénarios.

* Qui fera l’objet d’un prochain article.

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