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Anniversaire
La Concorde de Leuenberg
La Concorde de Leuenberg

| François-Xavier Esponde 944 mots

La Concorde de Leuenberg

Concorde de Leuenberg, septembre 1971.jpg
Concorde de Leuenberg, septembre 1971 ©
Concorde de Leuenberg, septembre 1971.jpg

Un anniversaire à l’occasion des cinquante ans du Rassemblement des Luthériens et des Réformés en Europe semble peu connu dans les milieux catholiques majoritaires de France mais sa manifestation fut rappelée lors des dix ans de sa Fondation dans notre pays.

Au pays de Jeanne d’Albret et de sa filiation en Territoires de Béarn et de Navarre, l’histoire a conservé quelques souvenirs de ce temps. Des églises devenues des temples, Lescar capitale du protestantisme du Royaume d’Henri IV et de violences contre les biens et les personnes commises entre Orthez, Sauveterre de Béarn, Lescar et dans ce territoire de la Navarre de la guerre religieuse jusqu’au pays basque voisin partagé entre partisans de Jeanne et des opposants, Briscous et son curé passé à la Réforme en furent des référents historiques ! Le Gave de Pau où furent jetés les dépouilles de ces guerriers en garde la mémoire.

400 ans de désaccords et de condamnations mutuelles des fidèles issus de la Réforme, la Concorde de Leuenberg marque une évolution positive des relations des Protestants entre eux.
Signé le 16 mars 1973 en Europe le Texte en préparation depuis 1955 confirmé par le Synode de Davos en Suisse vit l’acte de réconciliation entre les branches luthériennes, réformées, les frères moraves, les églises unies et les églises vaudoises prendre effet.

Le projet européen se répandit aux Etats-Unis et au Moyen Orient dans les communautés exilées de la Vieille Europe parmi les familles Réformées de ces continents.
Par la Concorde de Leuenberg les églises deviennent des églises sœurs “Lorsque dans une autre église on constate la célébration authentique de la parole prêchée, la célébration authentique de la cène et du baptême, cette église est reconnue authentiquement comme église du Christ”, comme rappelé par le Pasteur André Birmelé auteur de la Concorde de Leuenberg.
Ce malgré des accents ou une piété différente selon les églises...
Le respect des minorités ecclésiales est maintenu comme ce fut le cas en 2013 pour l’Eglise Protestante Unie de France, qui admettait comme en Alsace-Lorraine l’existence de synodes luthériens et réformés spécifiques en exercice.

De mémoire passée ces églises du temps du nazisme en Allemagne disposaient ces des appellations multiples et résistèrent à Hitler au prix de brimades notables, en ouvrant la voie au sortir de la guerre aux accords nationaux et franco allemands, qui permirent les préambules de la communion et de la réconciliation entre elles.
Le prix payé par eux fut en effet le nombre de martyrs de la foi protestante des deux côtés du Rhin sous le régime nazi.
Bien que germaniques d’origine ces chrétiens de la Réforme furent pourchassés par le nazisme comme des ennemis du régime voulu par Hitler.

La différence de pensée demeurant une singularité protestante depuis les origines, plusieurs courants apparurent dans le protestantisme, certaines s’inscrivant dans l’enseignement de Martin Luther comme le suisse Zwingli ou le français Calvin donnant encore naissance à de nouvelles dénominations, chacun condamnant âprement des pans d’enseignement de leurs rivaux.
Ce seront trois points de cristallisation qui fixeront les tensions levées par la Concorde de Leuenberg , celle ci affirmant que ces condamnations ne concernaient pas la doctrine dans son état actuel.

Premier sujet de friction, la double prédestination enseignée par Jean Calvin, selon laquelle Dieu sait avant même la conception d ’un individu si ce dernier obtiendra ou on le salut ?
La contestation fut remisée et abandonnée.

Second objet de différent les excommunications en matière de christologie?
Le fini humain ne pouvant contenir l’infini de la plénitude de Dieu n’est pas dans le Christ humain mais dans le Christ ressuscité à partir du matin de Pâques. La querelle entretenue avec les luthériens faisait montre d’un différent théologique ?

Il demeurait enfin un débat sur la cène et de la présence réelle du Christ dans le pain et le vin, depuis Martin Luther et Zwingli,ce dernier affirmant contrairement au premier et aux tenants de l’Eglise catholique que Dieu se donne aux siens uniquement dans la parole biblique, la prédication inclue ?
La réponse admise par la Concorde de Leuenberg corrigera cette version partiale éloignée de la présence réelle telle qu’admise par Martin Luther lui même.

La Concorde de Leuenberg à l’occasion de cet anniversaire français invite à poursuivre le dialogue entre églises réformées de différentes désignations.
A ce jour dix sept accords doctrinaux auraient été signés concernant la compréhension commune de l’église, du ministère, de l’autorité de l’écriture, mais au delà de ces discussions en cours la communion partagée entre ces Eglises Européennes désormais unies crée une structure et un cadre au travers d’une infrastructure élargie la CEPE - Communion d’Eglises protestantes en Europe.

Une nouveauté pour ces églises réformées demeurées autonomes et toujours promptes à se protéger.

Donnant de surcroît la possibilité d’accueillir dans leur sein des Eglises d’autres confessions chrétiennes comme les Méthodistes en 1997 et des Communautés anglicanes suite aux accords de Reuilly en 2001 qui rappellent la pluralité infinie d’églises particulières d’inspiration réformée existant au sein de l’Europe d’ouest en est et dans d’autres continents, cette Concorde de Leuenberg a permis pour l’exemple en France la fusion d’églises particulières au sein de l’EPUdF avec 250 000 membres , célébrant ce mois ses dix ans d’existence.

Les Réformés gardant jalousement leur caractère propre de la foi et des œuvres défendu dans des cercles ardents et autonomes dans leur fonctionnement, le pasteur Birkelé ajoute : “Le talon d’Achille c’est pour nous d’avoir un jour un synode européen en état de prendre des mesures, ce choix demeure encore refusé par les églises voulant garder leur autonomie et surtout ne pas dépendre d’une église européenne. Un risque d’ensablement de ce travail de communion” toujours inachevé, soulignera le promoteur de cette unité !

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