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Portrait
Juan Mari Torrealdai, académicien basque, Euskaltzaindia
Juan Mari Torrealdai, académicien basque, Euskaltzaindia

| Jean-Louis Davant 1106 mots

Juan Mari Torrealdai, académicien basque, Euskaltzaindia

Il était né à Forua en 1942 et fit ses études à Notre Dame d’Aranzazu parmi les futurs franciscains du séminaire auprès du célèbre sanctuaire guipuzcoan.
Véritable vivier de la vie religieuse, Arantzazu au dessus d’Oñate, réunit une communauté numérique, un séminaire et une vie intellectuelle active dans la liturgie, la culture, et les arts basques de ces années prolifiques.
Peintres, sculpteurs, prosateurs, intellectuels de disciplines distinctes consacrent leur vie spirituelle dans ce haut lieu de la vie culturelle de la province.
Une imprimerie interne au monastère diffuse les ressources de ces travaux.
Juan Mari deviendra franciscain en ce monastère. Son intelligence vive et désireuse de connaître et comprendre le monde lui donneront de franchir les Pyrénées vers Toulouse à l’Institut Catholique tout d’abord, puis à Paris où il poursuit des études universitaires.
De retour dans la province de Cantabrie, il prend quelque distance avec la famille franciscaine et fonde la revue « Jakin » qu’il dirigea avec quelques amis de 1964 à 69 puis de 1972 à 2002.

La sociologie, les idées sociales et les influences culturelles des ces années 68 et suivantes le poursuivent dans ses recherches et engagent les études menées à Paris puis à Bilbao à l’université publique du Pays Basque.
Les Sciences de l’information seront au menu de ses recherches.
Chercheur, journaliste, éditeur de presse basque, Juan Mari culture avec dextérité une curiosité intellectuelle exceptionnelle.
Il mène deux doctorats à Deusto, Université jésuite de Bilbao, en sociologie et en sciences politiques.
Travailleur acharné, doué de facultés et d’une curiosité intellectuelle imparable, il devient secrétaire de l’Association des écrivains basques en 1969 jusqu’en 1977, puis encore secrétaire de l’Association des sociologues basques de 1979 à 1980.
Il partage la destinée de la revue Eskualdun Egunkaria depuis 1990 et devient membre correspondant de l’Euskaltzaindia, l’académie de la langue basque.

Son labeur est sans limite.
Par son essai « Iraultzaz » publié chez Jakin en 1973, et son livre « Euskal idazleak », histoire sociale de la langue et de la littérature basque toujours chez Jakin, l’auteur embrasse la culture basque dans toutes ses dimensions.
L’homme n’a jamais renoncé à son goût du journalisme, de l’information et de l’actualité au quotidien de la vie de son temps.
Son nouvel ouvrage « Euskal telebista eta euskara » ancre son projet d’introduire désormais le basque, au demeurant batua, dans les canaux de l’information en Euskadi. La thèse soutenue en 1985 en Sciences de l’information en donne le gage.
Compiler toutes les ressources existantes de l’écriture basque inspire son Catalogue du XXème siècle des livres publiés en basque, « Euskal liburuen katalogoa », fruit d’un travail de deux années consécutives, entre 1990 et 1992.

L’esprit toujours en éveil, sociologue de formation, il publie encore en 1997 une étude sociologique sur l’état de la culture basque se concentrant sur la littérature.
La période suivante sera l’objet de parutions critiques portant sur l’histoire du franquisme et ses effets induits sur la langue basque de 1998 à 2000, sous le titre de livre noir sur l’euskara.

Directeur et rédacteur conseiller du journal basque « Egunkaria », il fait l’objet d’un procès mené par un juge qui le condamne  “pour ses relations avec le groupe ETA” pour son réseau médiatique et les informations publiées par le quotidien basque. 2003 sera l’année de l’emprisonnement et des ennuis judiciaires de plusieurs années suivies de la fermeture du journal, et de la privation de liberté de plusieurs années consécutives. Juan Mari en supporta l’épreuve, avant d’être relaxé en appel .

Hélas, une longue maladie réduisit ses facultés et son travail. En 2011 il sera nommé Bibliothécaire de l’académie Euskaltzaindia, après ce parcours judiciaire difficile qui affecta sa santé.
Homme témoin engagé de son temps, esprit en recherche continue, désireux de servir son pays, Juan Mari laisse un héritage considérable, salué à l’heure de son adieu par le monde de la culture, de la presse et des amis venus nombreux pour le remercier de son assiduité.
J’eus dans mes vingt ans la joie de partager à East Bergholt dans le Comté de Suffolk en Angleterre un séjour linguistique intensif où le temps de l’été nous fûmes invités à apprendre l’anglais, sous la conduite d’une lady apprenante et exigeante.
Juan Mari ne lésinait jamais dans l’effort intellectuel qu’il entretint sa vie durant comme une discipline de travail, sans réserve, sans hésiter.
En 2015, il vint à Bayonne pour donner son témoignage à l’Université de la ville au cours d’un symposium dont on se souvient, et ne cacha pas sa maladie qui réduisait désormais sa faculté de travail.

Euskalduna zen bizkaitik jina gipuzkoarat, Usulbil herrian pausatuko  da egin duen obra haundian oraidanik bere hurbilekin.
Agur berro bat zuri Juan Mari, gazte lagun bezala, betikotz !

François-Xavier Esponde

De Jean-Louis Davant :

Joan Mari Torrealdai euskararen eta euskaldunen zerbitzuko zaldun bihoztoi bat izan da. Borroka horretan ezagutu nuen gazterik, duela urte andana ederra, oraino frantziskotar anaidi horretan zegoelarik. Gero arropaz aldatu zen, haatik ez eginbidez. Bere bizia euskarari eman dio eguneroko lanetan. Sail horretan langile argia eta nekaezina izan da, bereziki kazetaritza engaiatuan (Anaitasuna, Jakin, Egunkaria, Berria), baita liburugintza jakintsuan ere. Ber denboran gizon alaia, lagunkina, baikorra, oroitzapen eder asko uzten didana, eta naski ez niri bakarrik. Gainera azpimarratu nahi nuke Euskaltzaindian elkarrekin eginiko bidea, nagusiki euskaltzain oso izendatu genuenetik (2007). Beste oharrik ez diot gehituko Esponde jaun apezak franko xeheki marraztu dion biografiari, beraz ene ikuspegi orokor baten emaitera mugatu naiz.

      Torrealdaik bere bizia euskarari eman diola erran dut. Osoki eman dio, eta hizkuntzaren arartez Euskal Herriari, ezen borroka horrek bizia hartu dio, laburtu, azkenean kendu, ez lanak higatu duelakoan, maite den lan onak ez baitu nehor higatzen, baina lan horren aitzi jasan duen eraso maltzur eta bortitzak ezin sendatuzko zauri bat piztu diolako. Egunkaria dakigun bezala euskararen etsaiek hetsi ondoan, Joan Marik berak bekoz-beko salatu zidan etsai horrek zein gogorki galdezkatu zuen, eta nola tratamendu krudel horren ondorioz bere baitan halako arraildura bat sortzen senditu zuen. Haatik ez zuen amore eman, ez zuen etsitu, eta bururaino jarraitu du lanean, euskararen zerbitzuko, Euskal Herriaren eta herritarren alde.

     Ohore beraz armarik gabeko gudari garbiari, borrokan azkeneraino atxiki duenari. Zazpi urtez zaharrago naizen honek gogotik aitor dezake, gezur izpirik gabe, goizegi joan zaigula. Haatik esperantza bihotzean erranen dizut Joan Mari adiskidea, deus ez da hor burutzen, gure lanak ere aitzina darrai, eta ikus arte, betiereko mendi goran.

     Je fis assez tôt la connaissance de J-M. Torrealdai, et j'en ai gardé de bons souvenirs de jeunesse, comme l'abbé Esponde. Je n'ajouterai rien à la biographie que lui a dressée ce dernier, si ce n'est la mention du travail mené en commun avec le défunt dans l'Académie de la langue basque Euskaltzaindia où nous l'avions élu membre titulaire en 2007. Qu'il repose en paix après tant de travail intellectuel, avec le soutien de nos prières.

Doluminik bizienak familiari, lagunei, Euskaltzaindiari. 

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