C'est une très grande perte pour le Royaume de la Musique : Michel Sendrez est décédé vendredi 1er novembre dernier à Saint-Pée-sur-Nivelle.
La cérémonie religieuse des obsèques aura lieu le mercredi 13 novembre à 10h au funérarium de Biarritz (24, boulevard Marcel Dassault).
L'inhumation aura lieu à 15h30 dans le caveau familial au cimetière Haize Errota de Saint-Jean-de-Luz.
Il est possible de laisser un mot sur le site des pompes funèbres, et/ou d'envoyer des fleurs, en cliquant sur :
https://www.pflandaboure.fr/avis-de-deces/michel-sendrez-saint-pee-sur-nivelle-b6d80a6e
Né le 11 octobre 1932, Michel Sendrez avait mené une double activité de pianiste et de compositeur, comme soliste et chambriste avant de devenir le pianiste de l'Orchestre National de France pendant des décennies. Il forma alors avec ses collègues du "National" un ensemble à géométrie variable en même temps qu'il créa des œuvres de compositeurs comme Gilbert Amy, Renaud Gagneux, Toru Takemitsu, Antonio Estevez, René Vaillant, René Kœring, Alain Banquart, Luc Ferrari, Bruno Ducol, Raymond Vaillant, Eugène Kurtz...
C'est à travers cette confrontation au grand répertoire et à la défense de la musique contemporaine qu'il avait élaboré sa propre démarche musicale, alliant toutes les techniques rédactionnelles sans le recours, cependant, aux nouvelles technologies.
Auteur de musiques de films, il avait essentiellement écrit pour solistes, duo, trio, quatuor, quintette, grand orchestre, orchestre de chambre, voix, ensemble vocaux ainsi que trois opéras sur des livrets de Christine Mananzar et de Jacques Lacarrière.
Michel Sendrez a toujours eu l'immense bonheur d'être interprété par des musiciens, chanteurs, danseurs et comédiens des plus remarquables d'aujourd'hui. Selon ses propres termes, « ce privilège l’avait toujours réconforté et encouragé à continuer avec patience dans ses mêmes choix ».
Il avait été marié entre 1957 et 1972 avec Anne Cornière , danseuse et chorégraphe, sœur du compositeur et organiste français Yves Cornière. En 1964 à l'abbaye de Royaumont, Michel Sendrez avait accompagné au piano son épouse dont la critique "saluait comme la nouvelle Isadora Duncan : plus qu'une ballerine, elle était la danse faite femme". https://www.youtube.com/watch?v=bivsFKTyp84
Très attaché à ses racines basques et à Ravel
Michel Sendrez était très attaché à ses racines basques, et par là même, à Ravel : je me souviens avoir évoqué plus d'une fois avec lui ce thème de prédilection qui nous unissait, en particulier lorsqu'il était venu, fort aimablement, assister à la signature de mes ouvrages sur le Pays Basque qui avait attiré à la librairie Louis XIV - à l'époque gérée par mon ancien collègue et ami Eric Soreau - de nombreux représentants du monde culturel régional, ainsi que le maire de Saint-Jean-de-Luz, Jean-Francois Irigoyen, qui venait de remplacer Peyuco Duhart, récemment décédé et unanimement regretté, son jeune et sympathique adjoint à la culture Pello Etcheverry, Michel Durrieu, directeur général du Comité Régional du Tourisme de Nouvelle-Aquitaine, et beaucoup de lecteurs de notre « Lettre du Pays Basque », preuve s'il en était, déjà à l'époque, de l’impact de notre média www.baskulture.com auquel M. Sendrez était d'ailleurs abonné dès ses débuts.
Et nos entretiens portaient d'autant plus sur le célèbre compositeur ziburutar qu'ayant longtemps participé aux activités de l'Académie Maurice Ravel, Michel Sendrez s'apprêtait à lui consacrer une conférence dans les salons du Conseil Municipal luzien.
Je me souviens l'avoir entendu me déclarer à ce propos : « En partant du "diabolus in musica", de l'analyse de l'accord de Tristan et m'en référant par exemple au Roman de Fauvel, je pense qu'il y a un vocabulaire des intervalles et je reste convaincu que si la musique "ne veut rien dire", d'après Igor Stravinski et il a raison, elle fait cependant sens au plus profond de notre être. Cela dit, je commence par les origines de Ravel, puis Ravel par lui-même exprimant le grotesque, "le sentiment tragique de la vie", l'amour impossible, la religion, le citoyen antimilitariste mais patriote, la sexualité, la tolérance etc. tout cela discrètement ou pudiquement révélé par sa musique bouleversante, que je vais essayer de décrypter, car j'aimerais aussi aller plus loin que le plaisir qu'elle nous procure et l'admiration qu'elle suscite pour tous ces virtuoses prodigieux, admiration que je partage sans restriction ».