Chaque 30 juillet à midi, une fusée (comme le « chupinazo » de Pampelune) annonce les « Saninaziyuek » ou journées de Saint-Ignace, concluant trois jours plus tard, le 2 août. Les cérémonies religieuses débutent le 31 juillet par une procession solennelle dans les rues de la vieille ville avec en tête les élus d’Azpeitia suivie d’une messe à l’église de San Sebastián de Soreasu dont la tour date encore des Templiers et qui conserve encore les fonts baptismaux qui virent le baptême du petit Iñaki de Loyola. Le lendemain, 1er août, c’est en cortège que se rendent pour la messe à la basilique de Loiola les représentants du Gouvernement basque et de la Diputacion Foral (Conseil provincial) de Gipuzkoa. Ces festivités des « Saninaziyuek » comprennent également trois corridas de toros ; et malgré l’excommunication brandie précédemment par le pape Pie V, des « toros » furent offerts à Azpeitia pour la canonisation de saint Ignace de Loyola en 1662 !
Désormais, même les petits et grands écrans célèbrent le saint : le film « Ignacio de Loyola, soldat, pécheur, saint » consacré au fondateur des Jésuites est déjà projeté depuis un mois dans une centaine de salles en Espagne avant d’être envoyé aux Philippines le 24 juillet. Il raconte la conversion de celui qui allait par la suite fonder la Compagnie de Jésus. C’est une production des jésuites philippins, parfois très à rebours de l’image d’Epinal qu’on s’est faite depuis de saint Ignace. Pour découvrir cette vie de saint en image, il faudra cependant encore un peu de patience aux spectateurs français… Le doublage du film en français devrait commencer à la fin de l’été et on pourra ensuite se procurer ce futur DVD auprès de SAJE Distribution (89, boulevard Auguste Blanqui, 75013-Paris, tél : 01 58 10 75 14 ou contact@sajeprod.com).
Ce projet cinématographique est né du rêve d’Emmanuel Alfonso, jésuite philippin, partagé avec son équipe de communication, de faire un nouveau film sur la vie de saint Ignace dans un style moderne, que le public actuel – surtout les jeunes - pourrait apprécier et comprendre.
L'objectif, selon les mots de son directeur, Paolo Dy, étant de « donner de la visibilité à l'expérience émotionnelle et spirituelle d'Ignace, une expérience de conversion, d'illumination et, en fin de compte, la découverte de l'amour de Dieu ». Le film raconte l'histoire du fondateur de la Compagnie de Jésus depuis l'enfance jusqu’à son séjour à Paris, « celle de sa conversion ou, plus précisément, sur les deux côtés de sa conversion : le premier, quand il oublie son rêve d'être un chevalier au profit de celui d’être un saint ; et le second, quand il se rend compte de ce que cela signifie vraiment d’être saint ».
On y trouve des scènes de sa vie au début à Loyola et sa relation avec son père, la bataille de Pampelune, son rétablissement et le début de sa vie de pèlerin ainsi que son procès devant l'Inquisition à Salamanque.
Le destin d’Ignace lié à l’histoire du Pays Basque
La visite de la célèbre « Maison Natale » du saint transporte ses visiteurs à l'époque féodale, à travers sa lignée, celle des Oñaz et Loyola, dont l'origine connue remonte au XIIIe siècle. Ses murs, de près de deux mètres d'épaisseur, ses meurtrières et ses anciennes bombardes font revivre l'ambiance de la forteresse médiévale qu'elle était à l'origine avant que le roi Henri IV de Castille, au temps du grand-père du saint, n’en fasse raser la partie supérieure à cause des luttes incessantes que se livraient les seigneurs basques entre eux. Terribles guerres fratricides que livrait son clan – les Oñacinos, avec l’appui des Sault à Saint-Pée et des Alzate à Urtubie, partisans de la Castille dans l’affaire de succession en Navarre – aux Gamboïnos, qui soutenaient la cause navarraise et qui comptaient dans leurs rangs les Ezpeleta, seigneurs d‘Espelette.
A l’époque d’Ignace, Henri d'Albret, le fils et successeur des légitimes souverains navarrais, Jean et Catherine d'Albret, tentait de reconquérir la Navarre avec le secours de François Ier qui fournit une armée de 12 000 hommes sous les ordres d'André de Foix, seigneur d'Esparros.
Les hostilités s'ouvrent avec le printemps de 1521. Le 15 mai, Saint-Jean-Pied-de-Port est occupé. En quelques jours, toute la Haute-Navarre est conquise. Pampelune se rend. C’est à ce moment qu’intervient le célèbre épisode où Ignace de Loyola, qui combattait dans le camp castillan, est blessé. Il sera transporté jusqu’à son château, dans un pur élan chevaleresque, par ses ennemis qui combattaient dans le camp adverse, en faveur des Albret. Il s’agissait des frères de François de Xavier (son nom de Xabiera étant une contraction d’Etcheverria), lequel François de Xavier rejoindra plus tard, comme l’on sait, le futur saint Ignace à Paris pour fonder l’Ordre des Jésuites…
Pour en revenir à la « casa-torre » fortifiée (donjon) de saint Ignace à Loyola, refaite à l’antique et à peine éclairée d’une meurtrière, son décor « brut » auréolé d’une part de mystère s’apparenterait volontiers à celui des origines du peuple basque et surtout de sa langue ! Ce monument est contigu à la Basilique qui date de 1738, avec son dôme majestueux, précédée par un grand portique churrigueresque. À l'intérieur, l'autel principal abrite la statue en argent de Saint Ignace offerte par la Real Compañía Guipuzcoana de Caracas dédiée au commerce maritime avec l'Amérique, qui a joué un rôle clé dans l'histoire du Gipuzkoa. A signaler également pour les mélomanes un merveilleux orgue Cavaillé-Coll.
Alexandre de La Cerda