Dans de nombreux ports, en Pays Basque comme ailleurs, il est coutume de célébrer une journée dédiée à tous les gens de mer en général, vivants ou disparus, marins de la pêche, marine marchande, marine de guerre, secours en mer, plaisanciers… Tous un jour ou l’autre sont confrontés aux dangers de l’océan. Cette journée coïncide souvent au plus près de la Sainte-Anne, mère de Marie et patronne des marins. Lors d’un office religieux on se souvient et on prie pour les hommes disparus en mer, les profondeurs océanes étant le plus grand cimetière des marins de tous bords et de tous temps. Le souvenir des disparus est entretenu dans de nombreuses églises proches de l’océan (Sainte-Eugénie à Biarritz, Saint-Nicolas à Guéthary, Saint-Jean-Baptiste à Saint-Jean-de-Luz, Saint-Vincent à Hendaye…), une maquette de bateau faisant office d’ex-voto.
A Hendaye le déroulé de cette fête n’a pas changé depuis des lustres. Après le temps de prière dans la chapelle dédiée, justement, à Sainte-Anne, l’océan et ceux qui y reposent sont bénis et une gerbe est immergée au large des côtes.
Dans le port biscayen de Lekeitio une tradition séculaire voulait que chaque année soit élu un dignitaire choisi dans la confrérie des gens de mer, pour réguler le bon fonctionnement de cette institution fort importante économiquement. Garants de son intégrité, des documents écrits et une caution étaient déposés dans une kutxa (coffre) et conservés durant cette sorte de mandature. Le jour de la Saint-Pierre, un grand cortège se rendait au domicile du dignitaire dont le mandat se terminait, afin de lui en restituer le contenu. Une danse - la Katxarranka - était exécutée en son honneur par un danseur sur le coffre porté par quatre à huit marins, avant de se rendre pour un cérémonial similaire au domicile du nouveau responsable pour l’année à venir.
L’interprétation de la Katxarranka fait toujours partie du répertoire de nombreuses troupes culturelles des sept provinces basques. Et Hendaye - au riche passé maritime entre chasseurs de baleines, corsaires, morutiers, sardiniers, et aujourd’hui grâce à un souffle nouveau apporté par son remarquable port de plaisance – a incorporé cette année dans la célébration religieuse de la fête de la mer l’interprétation de cette danse symbole (à l’instar de l’Ezpata Dantza, danse de poignards, lors de la fête basque). Une première, une innovation, le début d’une nouvelle tradition.
Manex Barace