0
Tradition
Hendaye en fête : le renard basque est de retour
Hendaye en fête : le renard basque est de retour
© DR

| Alexandre de La Cerda 1205 mots

Hendaye en fête : le renard basque est de retour

Comme chaque début d’année, Hendaye rend hommage à son patron, Saint Vincent, en organisant les traditionnelles fêtes de la Bixintxo qui débutent par la célébration du retour du corsaire Étienne Pellot dans sa ville natale. Ce sera le vendredi 20 janvier et à cette occasion, les enfants, déguisés en corsaires, ouvrent les festivités en défilant dans les rues de la ville. Surnommé le Renard basque, il était né le 1er septembre 1765 à Hendaye où une stèle lui est consacrée au rond-point Belcénia. Mousse à 13 ans, il prit son premier commandement à 23 ans et se rendit aussi célèbre que son contemporain Surcouf pour ses nombreuses et fantastiques évasions des geôles anglaises : en 1812, sa tête avait été mise à prix à cinq cents guinées, une somme considérable à l'époque et certains de ses navires, notamment les Deux-Amis et Le Général Augereau, sont entrés dans la légende. Mais les corsaires basques disparurent aussi vite que s’écroula l’empire napoléonien et Pellot mourra à Hendaye en 1856, étant le dernier corsaire connu.

Quant au patron d’Hendaye, il s’agit de Saint Vincent, diacre de Saragosse, fêté le 22 janvier car il avait été martyrisé à Valence le 22 janvier 304. On fit jeter à la mer son corps sans vie, attaché à une très lourde meule, mais il revint sur le rivage avant ceux qui l’avaient porté en mer ! Saint Vincent est aussi le patron des vignerons car l’origine de son nom serait rattachée au vin et au sang : le vin de l’eucharistie qui devient le sang du Christ lors de la communion. Plusieurs localités de notre région partagent le patronage de ce saint et seront donc en fête prochainement, de Ciboure à Tarnos (le quartier des Barthes). L’occasion de rappeler quelques traits de l’histoire hendayaise.

 

Une vie frontalière agitée

 

La baie d'Hendaye, dans laquelle se jette la rivière Bidassoa, est fermée au sud par les Rochers Jumeaux et le cap du Figuier dont le nom pourrait être une allusion aux anciens navigateurs méditerranéens, tels les carthaginois qui auraient trouvé là un havre sûr dans leurs périples commerciaux à la recherches de métaux précieux. Ne dit-on pas que des monnaies carthaginoises avaient été découvertes sur la côte hendayaise ?

Cependant, à l’origine, Hendaye n’était qu’un tout petit "quartier" de la paroisse voisine d’Urrugne dont il se détache en 1654, après avoir obtenu sa propre église (Saint Vincent) en 1617. La permission pour la construire avait été demandée dès 1560 en arguant du fait que tous les Hendayais ne pouvaient rejoindre l’église d’Urrugne à pied tous les dimanches. A l’époque, ses habitants s’adonnaient à la chasse à la baleine dont les instruments spécifiques entrèrent dans son blason. Cette activité fut d’ailleurs à l’origine de la fortune et de la gloire de la future cité, en attendant l’arrivée du chemin de fer en 1864, événement qui accentua encore son développement à la fin du XIXe siècle.

Ville frontière entre la France et l'Espagne, Hendaye a connu bien des turbulences à l'occasion des nombreuses guerres entre les deux royaumes : en septembre 1636, la ville fut prise par les Espagnols. Témoin de ce passé, le fort Gaztelu Zahar, maintes fois détruit puis reconstruit, sera agrandi par les travaux de Vauban, puis définitivement rasé, ainsi que toute la ville, lors des guerres de la Révolution.

Hendaye compte deux quartiers bien distincts qui sont, chacun, desservi par une gare, mais d’inégale importance. Celle d’Hendaye-ville, au cœur de la cité, sur la baie de Chingoudy, où se trouve l’église Saint-Vincent que les Hendayais appellent Bixintxo. Elle fut plusieurs fois détruite (guerres, incendie, foudre), reconstruite en 1598, puis au début du XIXe siècle après les dommages subis lors de la Guerre d'Espagne en 1813. D’allure massive à l’extérieur et de style typique Basque Labourdin, elle possède trois étages de tribunes de bois placées par le menuisier Tiburcio en 1874, un bel orgue et un crucifix datant du XIIIe siècle. On y trouve encore les écussons des royaumes de France et de Navarre ainsi qu’une croix plutôt mystérieuse : datée du début du XVIIIe siècle, cette grande croix de pierre est plantée sur un dé dont trois faces sculptées portent une étoile, un croissant de lune, une tête solaire, et la quatrième, quatre A. La représentation du soleil et de la lune se rapporte, d'après la tradition chrétienne, aux phénomènes astronomiques qui accompagnèrent la mort du Christ sur la croix. Ce thème fréquent dans l'imagerie basque serait, d’après l’historien Bernard Duhourcau, comme un lien secret entre le christianisme d’aujourd'hui et leurs anciennes croyances. Au niveau de son solide clocher (la plus grosse cloche avait été offerte par Antoine d’Abbadie), l’église abritait la première mairie et l’école. En 1866 école et mairie sont déplacées vers de nouveaux locaux, aujourd’hui ceux de la perception, construits sur le terrain du rebot. Malgré les dévastations dues aux guerres, il reste encore de vieux bâtiments quelques vieilles maisons au quartier Beltzenia. Et, beaucoup moins ancienne, la maison de Pierre Loti, nommée "Bakhar etchea", l’écrivain « orientaliste » lié à la marine qui fut vice-roi de l’île des Faisans en tant que commandant du secteur naval de la Bidassoa, et écrivit, entre autres, son célèbre roman « Ramuntcho ».

Quant à l’autre quartier, il s’agit de la station balnéaire d'Hendaye-Plage au bord de l'Océan avec son église Sainte-Anne construite en 1938 sur l'ancienne chapelle Santa Ana. A la pointe de cette sorte de lagune qui borde l’embouchure de la Bidassoa face à Fontarabie, on y trouve le plus grand port de plaisance de notre région.

En dehors de Pierre Loti et du corsaire Etienne Pellot, il conviendrait d’évoquer également le savant Antoine d’Abbadie : né à Dublin mais d’origine souletine, il œuvra beaucoup pour la culture et la langue basques. Au milieu d’un domaine de plusieurs dizaines d'hectares s’élève son château d’Abbadia dont il confia la construction à l'architecte Eugène Viollet-le-Duc. Il renferme une collection d'objets d'art ramenés par l’explorateur de ses voyages à travers le monde, d’intéressantes fresques sur l’Ethiopie où Antoine d’Abbadie avait séjourné quelque temps avec un de ses frères, ainsi qu’une lunette astronomique.

Programme des fêtes de la Bixintxo 2017

Vendredi 20 janvier 
A 18h, départ de toutes les écoles de la Ville qui participeront au  défilé « le Retour de Pellot » depuis Caneta jusqu’à la Mairie où aura lieu l’ouverture officielle des Fêtes au balcon (18h30).

De 19h à 21h, traditionnel concours d’omelette pour les enfants sous chapiteau.

A 21h, à l’Église St Vincent, concert (gratuit) d’artistes lyriques madrilènes et guipuzcoans A.Damas, JA.Moreno et A.Pazos.

Samedi 21, après-midi pour les enfants : à partir de 14h30, atelier maquillage, 15h spectacle (gratuit) “Parenthèse Enchantée” et photos souvenir, goûter suivie d’une mini-disco avec les personnages du spectacle sous chapiteau. A partir de 15h30, rendez-vous au Club House Ondarraitz pour le tournoi de mus. En soirée, répétition générale de la Tamborrada du samedi 28 en bleu et blanc devant la Mairie.

Dimanche 22, à 11h30, concours de fandango et mutxiko ouvert à tous devant la mairie. A 17h30, église St Vincent, concert des groupes musicaux de la ville (gratuit).

Le week-end suivant, Re-Fête et Tamborrada le samedi 28 janvier (réserver places). Exposition des Peintres Hendayais « Haize Hegoa » au 1er étage de la Mairie, du 20 au 29 janvier, de 14h à 19h.

ALC

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription