« Nous avons tendance à considérer Eduardo Chillida comme un sculpteur si reconnaissable qu’il ne nécessite aucune explication, comme s’il s’agissait d’un « unicum » dans l’histoire de l’art du XXème siècle, dont l’œuvre est si personnelle qu’elle semble inaccessible et presque intemporelle » introduit Maria Bolaños, Commissaire de l’exposition « Une conversation : Chillida et les arts, 1950 -1970 ».
Prétexte ou excuse pour un aller-retour à Donostia, la nouvelle exposition temporaire du musée San Telmo qui se tient à l’occasion du centenaire de la naissance d’Eduardo Chillida (1924 -2002), artiste universel, connu et reconnu comme sculpteur, mais pas que !
Sa ville natale est parsemée de sculptures monumentales souvent, la plus emblématique étant Le Peigne du Vent (acier, 1976), dans le prolongement de la plage d’Ondarreta.
Cadeaux de l’artiste à sa ville natale, d’autres œuvres sont visibles, en général proches de l’océan, tel cet Hommage à Flemming (granit, 1990) sur un mirador qui surplombe La Concha, ou Besarkada (acier, 1992) pour ne citer que ceux-là.
C’est de retour de Paris en 1950 que Chillida découvre les possibilités de l’acier aux fins de sculpture. C’est à cette époque, quelques années seulement après la fin de la Seconde guerre mondiale, que ses contemporains ont soif d’idéaux, expriment leurs préoccupations, expérimentent, non seulement dans les arts plastiques, mais aussi dans la philosophie, l’architecture, la danse, la photographie, la musique…
L’exposition invite, la période choisie étant deux décades, de 1950 à 1970, à une « conversation » artistique entre Chillida et ses contemporains. L’exposition se concentre sur cette période quand après les tragédies de la guerre, l’art en Europe reconstituait le tissu de la modernité.
Un moment fort dans l’histoire de la sculpture, qui sortait d’une léthargie de près d’un siècle et renaissait transformée en un art nouveau (et radical). Pour Chillida, ce furent des années fondatrices où il construisit sa vision personnelle de l’art, sculpture mais aussi dessin, peinture, collage…
A cette fin, le musée San Telmo rassemble plus d’une centaine d’œuvres d’art européennes et américaines de différentes disciplines, incorporant des domaines tels que le théâtre expérimental, la photographie, la danse, le cinéma, la mode. Les sculptures et les dessins de Chillida « dialoguent » avec les grands maîtres du XXème siècle.
Rien d’anormal à voir tutoyer l’artiste donostiar avec des peintres tels que Picasso et Miró, des sculpteurs tels qu’Arp, Julio González, Richier, Lobo et Giacometti, des expressionnistes abstraits tels que Motherwell, Millares et Debuffet, les meilleurs de la nouvelle sculpture britannique Moore, Hepworth et Meadows, les « inventeurs » de la sculpture en fer, parmi lesquels Smith, Jocobsen et Caro.
Présentes également des personnalités uniques, voire inclassables, telles que Beuys, Chamberlain, Mendiburu, Hantaï, Asins, Aurelia Muñoz, des artistes encore peu connus comme Maria Paz Jiménez, Villèlia, Bosshard, Lardera, des cinéastes sensibles comme Ozu, Jules Dassin et Bresson, des révolutionnaires de la photographie tels que Cartier-Bresson, Bing, Callahan, des chorégraphes radicaux, enfin, Martha Graham et Merce Cunningham…
Tous, à l’instar de Chillida, constituent une carte de l’avant-garde internationale de cette époque pour une exposition rendue possible grâce à la collaboration d’une trentaine de musées, fondations et collections privées, dont Chillida Leku, le Centro de arte moderno Gulbenkian, le Museo nacional Centro de arte Reina Sofia, et le musée San Telmo.
« Une conversation : Chillida et les arts, 1950 – 1970 », musée San Telmo, Zuloaga plaza 1, 20003 San Sebastián/Donostia. Jusqu’au 29 septembre 2024. Ouvert du mardi au dimanche de 10 heures à 20 heures. Fermé le lundi. Bon plan : entrée gratuite le mardi !
www.santelmomuseoa.eus/