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Histoire
Guerre de 14-18 : les grenades de Chiquito
Guerre de 14-18 : les grenades de Chiquito
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| Alexandre de La Cerda 973 mots

Guerre de 14-18 : les grenades de Chiquito

A l’occasion de la journée d’hommage à Chiquito de Cambo et du centième anniversaire de la guerre de 14-18 dont la fin sera commémorée en novembre prochain, un conflit qui fit de nombreuses victimes dans tout le Pays Basque, il nous paraît utile de revenir sur la personnalité d’un de ses héros, le légendaire pilotari kanboar.

On raconte qu’il terrorisait les lignes allemandes en leur envoyant avec son gant de yoko-garbi des grenades en guise de pelote. Cet épisode a été sujet de débat entre historiens. Néanmoins, on a désormais la certitude que Chiquito est bien monté au front avec son gant, un gant plat appelé bolea. Une photo rare, découverte dans le numéro 13 de la revue « J’ai vu » datée du 11 février 1915, le montre en habits de soldat, son paquetage devant lui mais surtout, à la taille, son fameux gant. Les quelques lignes qui accompagnent la photo de « J’ai vu » laissent la porte ouverte à toutes les interprétations : « Chiquito de Cambo, le fameux pilotari, est sur le front. Il utilise son adresse à lancer des grenades dans les tranchées allemandes ».

En fait, son frère cadet, Bernard Apestéguy, partit avec le 49e Régiment d’Infanterie pour la frontière de l’Est, en 1914.

Chiquito, qui était déjà champion du monde, était également réserviste dans l’armée. Mobilisé à son tour, il obtint d’aller rejoindre son frère. Mais Bernard Apestéguy, qui serait peut-être devenu, lui aussi, un pilotari fameux car il promettait, tomba dès les premières batailles et Chiquito jura de le venger. Après la retentissante victoire de la Marne, l’armée française buta contre les  positions de repli organisées par le grand état-major allemand sur la ligne de l’Aisne et les coteaux de la Somme.

La longue période des tranchées et de la guerre d’usure commença. Le secteur du 49e fut fixé, pour un temps, sur l’arête sud du plateau de Craonne. Il engloba les bâtiments d’une exploitation agricole importante, appelée la ferme d’Hurtebise, tenue par les Français, et le moulin de Vauclercq, où se tint pendant quelque temps un observatoire ennemi. Mais bientôt, il ne resta de la ferme et du moulin, sans cesse pilonnés par les deux artilleries, que deux monceaux de décombres, si épars qu’on ne les distingua plus des parapets qui, de plus en plus, boursouflèrent les deux positions.

Cependant, les combats changèrent vite de caractère : ils furent marqués par la mise en service des explosifs lancés, soit par bouches à feu, soit à la main. Bien que les Allemands eussent pris l’initiative de l’emploi de ces engins, les Français ne tardèrent pas à leur donner une réplique rigoureuse et bien souvent triomphante… Grâce à Chiquito. Ce n’était pas que les états-majors eussent prévu le genre de ces escarmouches. Ils ne firent qu’en prendre prétexte pour utiliser de vieux stocks d’armes périmées que l’Administration du Génie avait conservés dans les arsenaux avec le même soin jaloux que les arrière-grand-mères mettaient à garder en réserve leurs pots de  confitures.

C’est ainsi qu’avec ses mortiers frappés aux armoiries de Charles X et de Louis-Philippe (quand ils ne portaient pas, encore, les abeilles impériales) des quantités de grenades, dites « d’artillerie », affluèrent dans les secteurs du front. Un peu plus grosses que les balles de tennis, elles se composaient, tout simplement, de sphères de fonte évidées et bourrées de poudre noire. Elles portaient un bouchon hermétique d’où saillait un anneau.

Deux méthodes étaient préconisées pour les lancer : l’une consistait à les déboucher, comme de vulgaires bouteilles ; mais alors elles risquaient d’échapper à la main qui les tenait et d’éclater avant d’être ramassées, l’allumage intervenant après un délai théorique de huit secondes. La seconde, moins dangereuse, était basée sur l’emploi d’une lanière fixée au poignet du lanceur par un bracelet et terminée par un crochet.

C’est là qu’intervenait l’ingéniosité de notre pilotari : Chiquito de Cambo augmenta l’ouverture des chisteras et du gant pour que les projectiles sphériques pussent s’y mouvoir comme des pelotes. Son travail achevé, il alla se munir de grenades d’exercice avec lesquelles il partit au bas de la pente couronnée par notre première ligne. Et là, il procéda à son expérience, avec sa lanière à crochet. Lorsqu’il eut obtenu des résultats qui l’eurent satisfait, il remonta sur la position et se rendit au dépôt d’explosifs où il fit provision de lourdes boules de fonte. Des vraies, cette fois.

Sans même prévenir ses chefs, Chiquito se dirigea vers l’emplacement où il avait déjà opéré à bras francs. Il disposa ses engins sur le parapet, devant lui et assujettit son gant de yoko-garbi qui lui avait paru le plus effectif. Alors, il se dressa, le corps exposé plus qu’à moitié au-dessus de la levée de terre et, pour son compte personnel, il entreprit un bombardement rapide et précis qui surprit autant les soldats bleus (les Français étaient encore en capotes bleues et pantalons rouges, ces derniers cachés par des enveloppes de toile bleue), que les Allemands en vert-de-gris. Toute la ligne allemande s’alluma d’un tir intense de mousqueterie, comme pour répondre à une attaque subite.

Et sans doute, l’ennemi crut-il à une attaque en  entendant ces explosions qui démolissaient ses tranchées sans que le moindre sifflement annonciateur d’obus ne les eût précédées. Des balles claquèrent autour de Chiquito et des ricochets l’environnèrent de toutes parts avec leurs miaulements sinistres…

Descends ! lui criaient, tout aussi surpris que les Allemands, ses collègues français. Mais le champion du monde, imperturbable, continuait la tâche qu’il s’était assignée, jusqu’à l’épuisement total de ses munitions.

Alors, seulement, il sauta dans le boyau avec un grand rire, comme après une partie triomphale et il écouta la fusillade qui crépitait un peu partout, maintenant, comme il écoutait les bravos sur les gradins. Dans tout le secteur, la nouvelle de la prouesse se répandit comme une traînée de poudre…

Alexandre de La Cerda

 

 

 

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Eric.le Blay | 20/09/2018 13:15

Bonjour, Dans le livre "American Edition" (2017, Ed. Memoring à Bordeaux, ISBN 979-10-93661-07-0) vous trouverez des informations ainsi que des photos provenant des archives de la bibliothèque du Congrès de washington, inédites en France, de Chiquito faisant une démonstration de pelote aux soldats américains à Biarritz en 1919. Cordialement, Eric le Blay

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