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Gabrielle d’Estrées retrouve Henri IV au château de Pau
Gabrielle d’Estrées retrouve Henri IV au château de Pau

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Gabrielle d’Estrées retrouve Henri IV au château de Pau

Parmi les musées (Louvre, Versailles, Chantilly, etc.) qui enchérirent lors d’une récente vente Artcurial à Paris, le Musée national et domaine du château de Pau a préempté un portrait de Gabrielle d’Estrées adjugé 13 120 € : ce petit panneau est le premier portrait peint de la maîtresse d’Henri IV à rejoindre les collections paloises. Ainsi vient-il étoffer le corpus graphique des portraits et représentations légendaires de la favorite.

Car, si le château de Pau honore la mémoire du Vert Galant, il y manquait un vrai portrait, peint, de la blonde Gabrielle d’Estrées, qui lui fit perdre jusqu’à la raison. Au sommet de sa gloire, la favorite allait être royalement portraiturée : à Fontainebleau, en Diane, sous le pinceau d’Ambroise Dubois, de profil sur une médaille de 1597 gravée par Guillaume Dupré, ou encore dans de célèbres Dames au bain, comme celles du Musée du Louvre, où l’une de ses sœurs, la maréchale de Villars ou la maréchale de Balagny, lui pince délicatement le tétin droit.

C’est de la composition exécutée entre 1592 et 1595 pour l’appartement dont disposait la royale maîtresse au château de Fontainebleau que s’inspire sans doute le petit tableau préempté en vente publique. Des traits analogues sont à observer dans divers portraits dessinés ou gravés, qui permettent notamment de vérifier l’authenticité originelle de l’inscription placée en haut du tableau. Quant aux célèbres Dames au Bain, les versions conservées à Fontainebleau et Chantilly, avec collier, évoquent aussi, quoique plus lointainement, le portrait acquis pour le château de Pau.

Ce petit panneau de chêne est donc l’une des rares représentations anciennes de la maîtresse du Béarnais. Très fine et très minutieuse, l’exécution se signale par un modelé délicat, des effets de transparence dans le vêtement, mais aussi dans la peinture, mis en valeur par les rehauts de blanc, tandis que les carnations pâles contrastent avec le fond noir. L’artiste anonyme, fidèle à la tradition du portrait français, mais sensible à l’influences de la seconde école de Fontainebleau, a su dégage une figure élégante. Celle-ci est restée pratiquement intacte depuis l’époque où fut peint le tableau, sans doute peu après le trépas de Gabrielle, le samedi saint 10 avril 1599, d’une éclampsie puerpérale, à l’âge de vingt-cinq ans. Les funérailles furent dignes d’une reine ; Henri, qui prit le deuil en noir, écrivit son immense chagrin : « la racine de mon amour est morte ».

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