En prélude à la prochaine édition du Festival Ravel qui aura lieu du 19 août au 4 septembre prochain et qui proposera une très riche programmation de 20 concerts avec 400 artistes et 18 master-class publiques / voyez le programme sur :
https://festivalravel.fr/wp-content/uploads/2024/07/Brochure_Festival-Ravel_2024_web.pdf
Informations et réservations sur : billetterie@festivalravel.fr et tél. 05 59 47 13 00
- nous publions l'éditorial du pianiste Bertrand Chamayou qui assure depuis cette année la direction "en solo" de cette manifestation. ALC
L'Édito de Bertrand Chamayou
Il y a bientôt cinq ans, en décembre 2019, Jean-François Heisser me contactait pour me proposer de le rejoindre dans l’aventure du Festival Ravel. L’idée était alors de bâtir ensemble un nouveau grand projet qui réunirait académie et festival, puis de m’en confier les rênes après quelques éditions programmées à quatre mains. J’ai alors entrevu la possibilité de réaliser un vieux rêve.
Ma passion pour Maurice Ravel, tout comme mon amour pour le Pays Basque, datent tous deux de mon enfance et sont indissociables. Tout jeune adolescent, dès 1996, je suis venu étudier auprès de Jean-François à l’Académie Ravel. Ces étés successifs à Saint-Jean-de-Luz ont été des moments-clés de mon développement, des moments forts d’apprentissage mais aussi et surtout de rencontres.
Je me suis souvent pris à songer à quoi pourrait ressembler un grand événement qui convoquerait les esprits de tous les musiciens qui, autour de Ravel, ont tant aimé vivre ou séjourner au pays basque : Stravinsky, Albéniz, Chaliapine, Debussy, Thibaud, Prokofiev, Poulenc… Une sorte de grand carnaval ravélien à la programmation riche, ouverte et créative.
C’est la possibilité de réaliser ce rêve qui m’a été offerte par Jean-François, et je lui en suis infiniment reconnaissant. Après trois magnifiques éditions menées en duo, de 2021 à 2023 (notre photo de couverture), c’est donc avec une certaine émotion que je vous présente cette édition 2024, cette fois-ci en solo.
Dans le prolongement de ce que nous avons initié, l’architecture de ce programme repose sur quelques piliers symphoniques : cette année verra ainsi le retour des Siècles en ouverture pour évoquer l’Espagne de Ravel (*). Le Concert spirituel et Hervé Niquet reviendront également pour un programme sacré construit autour du Requiem de Fauré. L’Orchestre Philharmonique de Radio France, une des plus prestigieuses phalanges de notre pays, viendra quant à lui pour la première fois, avec Mikko Frank, son directeur musical, et Sol Gabetta, grande amie du festival.
D’autres habitués émailleront la programmation, comme le Quatuor Belcea, Katia et Marielle Labèque, ou encore Jean-Frédéric Neuburger, et bien sûr Jean-François Heisser.
Et nous aurons la chance d’accueillir pour la première fois les immenses artistes que sont Barbara Hannigan, Tabea Zimmermann, Alena Baeva, Vadym Kholodenko, Jonathan Biss, et Véronique Gens.
Ce sont plusieurs siècles d’histoire de la musique qui seront mis en perspective au cours de cette édition : Jordi Savall nous fera l’honneur d’un programme entièrement pensé pour le festival, entre musique ancienne, chants traditionnels et arrangements d’œuvres de Ravel. Les musiciens d’Hegiak proposeront quant à eux des œuvres basques issues de collectages faits dans le monde rural, ainsi que des œuvres contemporaines évoquant la vie des communautés paysannes. L’Ensemble intercontemporain et son chef Pierre Bleuse, après nous avoir enchantés l’an dernier avec un hommage à Ligeti, reviennent avec un programme autour de compositeurs majeurs de notre époque pouvant revendiquer un héritage ravélien : George Benjamin et Michael Jarrell, qui seront tous deux présents.
L’opéra de Benjamin Into the Little Hill, inspiré de la légende du Joueur de flûte de Hamelin, sera le point de départ d’un week-end consacré aux Contes Fantastiques, où dialogueront successivement la Belle et la Bête, le Petit Poucet, la Belle au Bois Dormant, la Reine des Neiges, et où se rencontreront Pan, Orphée, Narcisse et Ondine, ou encore les sorcières de la Nuit sur le Mont Chauve.
L’idée de week-ends thématiques autour d’un sujet lié à Ravel est une nouveauté cette année, qui je l’espère ouvrira encore plus le champ des possibles.
Le deuxième week-end du festival sera consacré à celui qui fut le maître de Ravel, Gabriel Fauré, dont on célèbre le centenaire de la disparition.
Après une journée à Itxassou consacrée à Fauré, ses amis et ses élèves, le dimanche à Cambo-les-Bains dépeindra une visite imaginaire de Fauré à Albéniz, les deux musiciens ayant tardivement noué une profonde amitié.
Cette année est aussi une véritable renaissance pour l’Académie, grâce au tout nouveau Centre Culturel Peyuco Duhart, qui sera pendant 15 jours le lieu de vie des étudiants.
Les masterclasses publiques, avec les professeurs ainsi que quelques invités exceptionnels, constelleront la programmation du Festival, jusqu’au grand concert du 30 août. J’ai par ailleurs souhaité cette année une imbrication plus importante du Festival et de l’académie, certains concerts mettant en avant les jeunes en compagnie de leurs aînés.
Le 4 septembre, la clôture du festival sera aussi une ouverture : le détonnant spectacle CAGE² que je proposerai en compagnie de la danseuse et chorégraphe Élodie Sicard donnera le coup d’envoi du festival Le Temps d’Aimer la danse, autre événement phare du Pays Basque.
« Je n’ai jamais été aussi heureux de vivre, et je crois fermement que la joie est bien plus fertile que la souffrance », écrivait un jour Ravel dans une lettre adressée à Marguerite de Saint-Marceaux.
C’est à un grand élan d’optimisme et de beauté que je vous invite à participer, du 19 août au 4 septembre prochain !
Bertrand Chamayou - Président et directeur artistique
(*) Mercredi 21 août à 20h à Saint-Jean-de-Luz, église Saint-Jean-Baptiste : « Ravel et l’Espagne », l’orchestre « Les Siècles » sous la direction de Pierre Bleuse, avec Nicolas Cavallier (basse), Thomas Dolié (baryton, Benoît Rameau et John Heuzenroeder (ténors) ainsi qu’Isabelle Druet (mezzo-soprano) interpréteront « L’Heure espagnole », « Alborada del Gracioso », « Rapsodie espagnole » et le célèbre « Boléro » de Maurice Ravel.