Mars était le dieu de la guerre et du temps des engagements militaires chez les soldats de l’Empire romain.
Mars est pour les chrétiens qui s’inspirent de la tradition biblique le mois du Père associé à celui de Joseph et celui de tous les pères dans le monde.
Dans la tradition originelle - et la plus ancienne des Patriarches -, Jacob avait préféré son fils Joseph, ce fils qu’il avait enfanté avec Rachel, la mère préférée… Et on connaît la suite, la jalousie de ses autres frères issus de Jacob et la vente de Joseph à des marchands.
L’histoire n’ajoute rien à l’actualité des vilénies humaines passées. Ses frères rapportèrent au père sa tunique ensanglantée. Jacob, le père attristé, prit le deuil et pleura comme un père pleure son enfant disparu – Gn. 37,28-36.
Mais la suite est savoureuse : Joseph, devenu majordome du pharaon, accueillera ses propres frères en exil et pardonnera, image gratifiante de l’Eternel qui inspire son geste, à sa famille, leur infamie. Il permettra à son peuple - dans son entier - de jouir d’une vie heureuse au meilleur endroit de l’Egypte (Gn. 47,11) parmi les réfugiés du temps.
On trouvera encore dans le Livre des Proverbes des conseils donnés au père pour chercher l’harmonie familiale entre père et mère. Ce qui semble pour l’époque une pousse d’enfantement spirituel assez peu coutumier des us et modes de vie du passé. Parents, ils garderont les préceptes du père à l’adresse des fils sans rejeter les enseignements de la mère, Pr. 6,20.
Une disposition à laquelle Jacob ajoute : « Ecoute ton père qui t’a engendré, ne méprise pas ta mère en ses vieux jours », Pr 23,22.
Le père est dépositaire de cette conduite dans la famille, et transmet au sein de ses proches les règles d’éducation qui donnent sens à la conduite de tous ses membres.
D’une manière plus large encore, le père est omniprésent dans la foi d’Israël. Si l’Eternel est rarement défini comme un père dans la première Alliance, la prière du retour d’exil d’un peuple réuni est parlante à toutes les époques de l’histoire des Fils de la Promesse. Dans un environnement de désolation, dispersion du peuple, destruction du Temple à Jérusalem, « c’est Toi notre Père ! Abraham ne nous connaît pas, Israël ne nous reconnaît pas, seul c’est Toi Seigneur Notre Père, notre rédempteur depuis toujours, tel est ton Nom », Is 63,16.
En quelques mots, le Dieu d’Israël est reconnu comme père, au milieu des amas de ruines, des destructions, des dispersions à Jérusalem et de la déportation à Babylone.
La prière est immense, elle appelle la rémission du seigneur : « c’est Toi notre Père, nous sommes l’argile, c’est Toi qui nous façonnes, car nous sommes tous l’ouvrage de tes mains », Isaie 64,7.
On pressent le sens de cette invocation immanente et profonde dans l’incantation de Jésus à l’adresse de Dieu son Père unique. Le calvaire de sa vie, Gethsemani et l’agonie du juste au Golgotha, l’appel à Dieu son père de pardonner à ces hommes leur méfait et leur ignominie (Luc 22,40-42), donnent à la foi des chrétiens une profondeur insondable à vue humaine.
Le « Notre Père » est plus qu’une formule, plus qu’une disposition intérieure, plus encore qu’une justification personnelle. Le Père des chrétiens dans la tradition biblique est un héritage spirituel qui dépasse nos aptitudes à donner le pardon ou s’en justifier encore.
Difficile parfois de le comprendre. Et pourtant, la seule explication possible d’un engendrement de l’esprit divin qui parle à notre entendement nous guide vers ce mystère. Le temps pascal est l’accomplissement du cœur du christianisme de tous les temps et de toutes les époques.
François-Xavier Esponde