C’est une rare lettre datée du 5 juillet 1587, dans laquelle Henri III de Navarre signe uniquement et exclusivement en tant que roi de Navarre, avant de monter sur le trône de France, qu’a acquise récemment le directeur des éditions Mintzoa à Pampelune. Elle porte la signature d'Henry III et son texte débute ainsi :
« Henri par la grâce de Dieu Roi de Navarre, Premier Prince du Sang, Premier Pair de France, Gouverneur et Lieutenant du Roi en Guyenne, salut
(…) Comme à l'occasion des problèmes actuels qui se sont produits dans ce royaume, nous avons été contraints de prendre les armes et de mettre dans les champs plusieurs troupes et compagnies à cheval et à pied pour le service du Roi »...
Cette lettre est revêtue du sceau aux armes Navarre.
Pour ceux de nos lecteurs qui seraient intéressés par cette lettre, ils peuvent s’adresser aux éditions Mintzoa, C/ Aizoáin, 10 à Pampelune, tél. (00-34) 948 21 52 05
ou : info@editorialmintzoa.com www.editorialmintzoa.com
L’occasion pour nous de rappeler que la reine de Navarre Jeanne d'Albret avait épousé en 1548 Antoine de Bourbon, descendant de Robert comte de Clermont, sixième fils de Saint-Louis.
Leur fils, Henri II de Béarn et III de Navarre, montera sur le trône de France pour régner sous le nom d’Henri IV à la mort du dernier Valois qui était Henri III de France.
Cependant, on ignore souvent que lorsqu’il régna sur la France et jusqu’à sa mort, Henri IV s’appliqua, malgré de nombreuses résistances, à conserver à la réunion des deux royaumes le caractère d’une union personnelle, les deux Etats – le français et le navarrais – n’ayant donc dans le principe rien de commun que leur souverain qui se qualifiait différemment selon qu’il ordonnait pour le grand royaume ou pour « les fidèles sujets de son royaume de Navarre ».
Car les intérêts de chaque Etat restaient séparés, les frontières subsistaient et l’administration continuera d’être distincte.
Et même après l’union avec la France décrétée en 1620 par son fils Louis XIII (essentiellement à cause du Protestantisme encore vivace dans la partie béarnaise, et contre la volonté expresse de son père Henri IV qui avait séparé, envers l’avis du Parlement de Paris, de la couronne de France le sort de son petit royaume pyrénéen), la Navarre continua de jouir de ses fors et de ses institutions (en particulier les « Etats de Navarre » qui se réunissaient à Saint-Palais ou Saint-Jean-Pied-de-Port) jusqu’à la vandale révolution de 1789.
Dans l'avant-propos de son essai historique « Henri IV en Gascogne » paru en 1885, Charles de Batz remarquait : « Quelque digne de l'admiration universelle que soit l’œuvre d’Henri IV depuis 1589 jusqu'à sa mort, il n'en est presque rien de grand, presque rien d'heureux pour la France, que le roi de Navarre n'eût déjà manifestement voulu, projeté et entrepris. Avant de succéder à Henri III (de France, ndlr.), il avait donné la mesure de son génie et laissé lire jusqu'au fond de son cœur. Capitaine, il portait en lui les secrets de la victoire, depuis Cahors et Coutras ; politique, il arrivait au trône avec la connaissance approfondie des hommes, des idées et des besoins de son temps ; pasteur de peuples, il avait fait entendre, le premier, au milieu des guerres civiles, ces mots sacrés de paix, de tolérance, de pitié, oubliés dans la fièvre des compétitions et la barbarie des luttes ». Il saura « assainir », à la mort de sa mère Jeanne d’Albret qui avait embrassé ostensiblement la religion réformée en tentant de l’imposer de force à ses sujets, la situation religieuse en Basse-Navarre et en Soule livrées aux guerres de religion. Henri de Navarre était « Henri IV » avant que le flot des événements l'eût transporté de Gascogne (et de Navarre) en France, comme on disait au XVIe siècle. « Quand il y fut, l'homme et l’œuvre s'accomplirent ».
Après l’assassinat d'Henri IV par Ravaillac auquel Jean-François Bège a consacré un ouvrage passionnant aux Editions Sud-Ouest, un véritable « roman d’amour et une légende » lièrent le souvenir du souverain à ses sujets qui « s’étaient rendus compte de ce qu’ils avaient perdu, soit vingt années de paix et de prospérité
retrouvée »…