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L'Océan
Des baleines et des hommes : une histoire partagée, de la Bible jusqu'à nos jours !
Des baleines et des hommes : une histoire partagée, de la Bible jusqu'à nos jours !

Des baleines et des hommes : une histoire partagée, de la Bible jusqu'à nos jours !

Récemment, au Chili, dans la région de Punta Arena, un homme a connu la peur de sa vie. Il faisait du kayak quand il a été happé par une baleine à bosse, sous les yeux de son père qui filmait la scène... L’animal a ensuite recraché le jeune homme qui a été rapidement récupéré par son père !
Une actualité qui nous ramène à l'Ancien Testament qui relate l'histoire du prophète Jonas : après avoir refusé d'aller convertir la ville de Ninive, il s'enfuit en prenant la mer. Une grande tempête manqua de faire chavirer le bateau. Jeté à l'eau pour apaiser la colère divine, il fut alors englouti par une grande créature marine souvent représentée par une baleine.
Jonas demeura dans ses entrailles pendant trois jours et trois nuits. Ce fut alors l’occasion pour Jonas de méditer sur son sort, d’invoquer Dieu (Jon 2, 3-10) : "Dans ma détresse, je crie vers le Seigneur, et lui me répond ; du ventre des enfers j’appelle : tu écoutes ma voix. Tu m’as jeté au plus profond du cœur des mers, et le flot m’a cerné ; tes ondes et tes vagues ensemble ont passé sur moi. Et je dis : me voici rejeté de devant tes yeux ; pourrai-je revoir encore ton temple saint ? Les eaux m’ont assailli jusqu’à l’âme, l’abîme m’a cerné ; les algues m’enveloppent la tête, à la racine des montagnes. Je descendis aux pays dont les verrous m’enfermaient pour toujours ; mais tu retires ma vie de la fosse, Seigneur mon Dieu. Quand mon âme en moi défaillait, je me souvins du Seigneur ; et ma prière parvint jusqu’à toi dans ton temple saint. Les servants de vaines idoles perdront leur faveur. Mais moi, au son de l’action de grâce, je t’offrirai des sacrifices ; j’accomplirai les vœux que j’ai faits : au Seigneur appartient le salut".
Dieu écouta Jonas et ordonna au poisson de le rejeter sur la terre ferme. Alors, seulement, Jonas obéit au Seigneur et partit pour Ninive afin d’annoncer la destruction de la ville qui n’avait pas écouté la parole divine.
Le Nouveau Testament fait mention de Jonas. Jésus enseigna que Jonas avalé par le poisson annonçait sa mort et sa résurrection (Mt 12:39–40 ; 16:4 ; Lc 11:29–30).
ALC
Photo de couverture : "Jonas et la baleine" de Pieter Lastman (1621). 

Des baleines et des hommes par François-Xavier Esponde

Lors d'un reportage réalisé dans le Pacifique le docteur Soulier médecin vétérinaire des espèces marines et océanologue observait le langage sonore des baleines et des vocalises chez les baleines à bosse. Le docteur Soulier exerçait auprès du Musée de la Mer il y a quelques années...

Des refrains lancinants comme des gémissements alimentent nombre de récits mythologiques des gens de mer à propos de ces langages mystérieux . Quelle parenté ou échange possible entre les humains et ces monstres marins se présumerait ? 

Dans le monde océanique immense ce langage méconnu des hommes permet aux cétacés de repérer et chasser les poissons, à communiquer entre eux, par ces vocalises à basse fréquence. A parfaire l'apprentissage des petits  et communiquer sur de longues distances. Un langage méconnu mais observable comme un système de communication notable, comme un véritable langage sonore et phonique.

A l'heure où "Laudatu Si", lettre encyclique sur l'écologie naturelle et humaine éveille le sens de la création et de ses inconnus, le volet de ces langages incompris mais véritables comme des caractères primitifs , représentent un défi de connaissance pour les scientifiques des océans.

Depuis des années des enregistrements sonores effectués in situ par les chercheurs ont décrypté les composantes du chant de ces géants de mer à l'aide de méthodes d'analyse du langage humain.

"En règle musicale un chant est défini par une suite de thèmes ou de répétitions de phrases constituées elles mêmes d'unités sonores. La recherche consistait à savoir si la structure de ces chants avait certaines règles linguistiques propres au langage humain. Suivant la loi de Menzerath et la loi de Zipf, deux techniques comparatives du langage.

"La première loi stipule que plus une unité linguistique, la phrase est longue, plus les sous-unités à savoir les mots ou les syllabes sont courts. plus le mot est long, plus les syllabes ont tendance à être prononcées rapidement, minimisant ainsi la compréhension et la  transmission de l'information ", selon Hervé Glotin chercheur au CNRS et spécialiste de bioacoustique à Toulon, de ces thèmes marins.

La loi de Zipf rapporte que le mot le plus fréquent dans une phrase apparait environ deux fois plus que le second mot le plus fréquent , trois fois plus que le troisième, et ainsi de suite. A l'aide de statistiques les scientifiques ont ainsi comparé les caractéristique de 51 langues humaines à celles des vocalisations de seize espèces de cétacés, dont 65 000 séquences de chants de baleines à bosse. 

"Ils ont remarqué que la loi de Minzerath s'appliquait à 11 de ces espèces  avec un degré égal ou supérieur à celui observé dans les langues humaines. Seules les vocalisations des baleines à bosse  et des baleines bleues  suivaient la loi de Zipf. Mais les baleines à bosse étaient les seules à respecter cette loi avec un degré équivalent à l'humain. Et de précédentes études  avaient déjà montré que ces dernières produisaient  l'une des manifestation vocales les plus harmoniques du règne animal" !

"C'est très intéressant, dit le docteur Glotin, car ces résultats suggèrent  que les chants de baleine à bosse suivent une organisation hiérarchique étonnamment similaire à notre langage. D'un point de vue évolutif celui pourrait signifier dit le chercheur, que leur chant a évolué  de telle sorte à répondre  à des contraintes d'optimisation de l'énergie, c'est à dire à favoriser des phrases ou des formes courtes moins énergivores à produire".

"Comprenant dès lors que l'existence d'un langage  chez cette espèce soit une évidence niée par l'humain croyant à l'exclusivité du langage en propre pour l'homme se voit confortée. Or comme pour de nombreuses espèces, nous avons de plus en plus de preuves que les baleines communiquent  à l'aide de vocalisations  dotées d'une signification, et qui sont parfois très différentes entre des populations voisines", souligne le bio-acousticien en Sorbonne, Olivier Adam.

La transmission culturelle reste la principale hypothèse  pour expliquer cette grande diversité des chants de baleines à bosse. sans savoir pourquoi en chaque groupe social les individus qui chantent sont parfois amenés à remplacer les thèmes de leur chant par de nouveaux que l'on retrouve chez les plus jeunes baleines, ce qui suppose que ces caractéristiques du langage ne sont pas innées mais acquises et transmises par un apprentissage social des jeunes".

La recherche inspire la recherche dans "Science", revue scientifique internationale. Quel rapport existerait entre baleineaux et leurs parents ? Tel est l'objet de la seconde publication de ce sujet après huit années d'enregistrements des sons chez les baleines à bosse. 

En appliquant à ces chants des méthodes quantitatives de segmentation de la parole utilisées pour évaluer l'acquisition du langage chez les nourrissons, les auteurs notent que tous les segments ne suivent pas la loi de Zipf et si les petits  l' observent, ces apprentissages sont conservés.

De tels parallèles à l'étude suivie confirment l'interprétation pour les auteurs, ce comparatif frappe entre les systèmes de communication d'espèces éloignées en faveur d'une convergence évolutive, vers une structure de langage optimale ! L'esprit humain n'en aurait pas le privilège exclusif mais partagé avec les baleines !

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