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Musique pour Orgues
De l'orgue artisanal au synthétique ?
De l'orgue artisanal au synthétique ?

| François-Xavier Esponde 1189 mots

De l'orgue artisanal au synthétique ?

garçon jouant des auloï en gonflant les joues, 460 av. J.-C., musée du Louvre.jpg
garçon jouant des auloï en gonflant les joues, 460 av. J.-C., musée du Louvre ©
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Orgue hydraulique selon la description de Héron d'Alexandrie .JPEG
Orgue hydraulique selon la description de Héron d'Alexandrie ©
Orgue hydraulique selon la description de Héron d'Alexandrie .JPEG

1 – L’histoire de l’orgue

Plus de deux mille ans séparent l’orgue artisanal primitif de celui récent synthétique, fruit de la connexion numérique et informatique des logiciels de ce métier acoustique.
On prête selon le temps à Stésiblios, grec ingénieux établi à Alexandrie vers 270 avant JC, la création de ce qu’on appela l’orgue premier de la longue série qui a continué après lui.
On l’appela “hydraule” sans doute pour son rapport avec l’hydraulique ou système à base d’eau faisant tourner le système alimentant l’air dans un mécanisme produisant les sons.
Artisanal sans doute mais génial pour l’imagination des successeurs. Se souvenant que l’orgue n’est pas un instrument à proprement parler musical mais une connexion de systèmes juxtaposés au fil du temps, permettant de croiser des sons, des équipements techniques ajustés harmonisant les sons d’instruments distincts.

L’Angleterre dès l’origine inventa des buffets d’orgue nouveaux, influencés par le style gothique et Renaissance du mobilier d’époque, de même que l’Allemagne furent pionniers en l’état sur la France pour laquelle l’introduction de l’orgue fut une nouveauté inattendue.

Sainte Cécile jouant de l'orgue portatif, la main droite sur le clavier, la main gauche actionnant le soufflet.jpg
Sainte Cécile jouant de l'orgue portatif, la main droite sur le clavier, la main gauche actionnant le soufflet ©
Sainte Cécile jouant de l'orgue portatif, la main droite sur le clavier, la main gauche actionnant le soufflet.jpg

On regarde avec ravissement “l’orgue portatif”, mini - moderne pour le cas de sainte Cécile patronne des musiciens jouant de ce mini clavier d’appartement représenté par les peintres.

Si les chrétiens catholiques, protestants, réformés de diverses communautés adoptèrent l’orgue pour leurs services religieux, les orthodoxes montrèrent leur réticence jusque nos jours où on ne trouve d’orgue institutionnel dans l’Orthodoxie pour le culte.

Dès le XVIIème siècle, l’orgue fait son entrée dans “la musique religieuse”, en cela différente des instruments à corde, à vent, intégrés quelque peu dans le jeu des claviers, des tuyaux et des systèmes conjugués de l’ensemble instrumental.

Le métier du facteur d’orgue devint un métier complet et comme créatif du mobilier associé à l’orgue - instrument, dans un bien patrimonial convenu, étudié et élaboré pour des raisons esthétiques en sus de la musicalité proprement dite de l’appareil initial. Deux parties composeront cet ensemble, celui des claviers, de la transmission, des sonneries et tuyauteries et souffleries associés, puis enfin des buffets et tribunes qui se parent d’élégance comme en une exposition monumentale originale, griffée et classée.

La musicalité viendra des sons de tuyaux « auloï », de haut bois, de flûte, et de flûte de pan, et le vent mécanique actionné sera connecté au sommier puis au clavier, constituera le système autonome d’un tout où chaque partie a sa fonction au service des autres.
Les historiens de l’instrument rappellent que les Chinois eurent eux aussi leur instrument fonctionnant avec le souffle humain, somme toute rudimentaire et primitif avant le développement historique de l’appareil essentiellement en Europe.

Les Romains utilisaient l’orgue pour leurs fêtes et le théâtre mais l’appareil disparaît dans le temps avant de naître à Byzance chez les chrétiens en Orient au temps des Carolingiens chez nous.

Un don célèbre du Roi Constantin V à Charles le Bref est signé dans les annales historiques de l’instrument en 757, comme instrument transportable sous la forme d’un orgue pneumatique et non hydraulique comme précédemment, dont on aurait trouvé des restes en Hongrie, du IIIème siècle.

Les contemporains de l’orgue de ce temps en firent un instrument des fêtes de cours et de mondanités, juste avant qu’un moine vénitien ne confectionnât un nouvel instrument pour les couvents et monastères désireux d’en faire usage pour des missions liturgiques. L’abbaye de Saint-Savin en serait dépositaire comme des plus anciens lieux où l’instrument prend place dans le couvent (notre photo de couverture).

Une illustration ancienne du XIème siècle dans une miniature de la bible d’Etienne Harding représente l’existence de cet instrument jugé rare, et d’exception confié aux religieux.

2 – Le facteur d’orgue, personnage central du développement de l’instrument.

Les facteurs d’orgue perfectionnent de plus en plus leur mécanisme dès le Moyen-Âge. La technique entre en scène, les mécanismes s’améliorent. On évoque désormais trois octaves et les jeux polyphoniques élaborés à l’aide de l’instrument développent davantage les facultés des voix humaines.

Les orgues les plus importants disposent jusqu’à sept claviers, comme des modèles d’exception de la panoplie existante.

On trouve dans les cathédrales et les couvents deux orgues, celui du chœur dit le petit orgue, et celui de l’édifice cathédral dépositaire du grand orgue avec deux claviers puis davantage encore.

Un rapport technique et de créativité qui fait la différence de la part des facteurs d’orgue entre eux stimulant et convoitant “leurs licences créatives”, créant des noms d’écoles et des domaines réservés de leur instrument et de celui de sa notoriété !

Le diapason fait désormais force de loi, le la référentiel est considéré comme la règle de base, la musicalité et la sonorité instrumentale sont annotées, contrôlées, jaugées par des experts- facteurs d’orgues, et les instrumentistes qui en disposent lors des offices et concerts publics.

De combien de sons dispose un appareil ? Le nombre des sons de claviers est-il infini ou relatif ?
Somme toute possible à l’envie par l’introduction de logiciels modernes.

Les musicalités instrumentales sont-elles illimitées ? Relèvent-elles de la musique proprement organique ou de systèmes de musiques synthétiques modernes, indirectement qualifiées à l’orgue ou apparentées à cet appareil ?
Les musicologues et acousticiens en discutent, disputent leurs partitions, et commentent leur travail.

Le nombre des questions demeure infini. Les professionnels en conviennent.
L’augmentation des claviers, l’ajout des tuyaux, modifiant les sonorités, le rapport à la voix humaine et l’harmonisation de l’instrument avec les chœurs, restent un chantier infini pour les techniciens-ingénieurs acousticiens bien souvent convoqués dans cette créativité artistique, et les puristes défenseurs des voix humaines et de la qualité des instruments classiques, sourcilleux de leur “authenticité” musicale.

Les professionnels des sons soulignent la profondeur des musiques aux harmonies nouvelles, à sonorités ignorées obtenus par des connections synthétiques produites par “des tuyaux ajoutés” ayant une incidence directe sur l’instrument ?

A propos de l’orgue devenu un instrument authentifié comme autonome, on évoque l’orgue de la Renaissance, celui Baroque des XVIIème et XVIIIème siècles, l’orgue allemand, l’orgue italien, l’orgue espagnol, l’orgue anglais, et somme toute l’orgue français dont certains noms sont estampillés comme ceux de facteurs d’orgue de génie qualifié comme tel.
Comme des héritages de biens immatériels pour la postérité !

Les orgues modernes ont bien souvent quitté le cénacle des sanctuaires religieux mais on peut les reconnaître dans des spectacles de music-hall, au cinéma, au théâtre.
Les professionnels ajoutent que la connexion de l’électricité dans le mécanisme de l’appareil changea bien des donnes dans le fonctionnement propre de l’instrument.

Parmi ces dizaines de milliers d’orgues existant particulièrement en Europe et dans le reste du monde, on décida de ne vouloir les subordonner à des hiérarchies de valeur, mais de les évaluer comme des témoins d’une époque historique, de ne vouloir les faire disparaître mais les conserver, de les appeler de source classique et symphonique en France, baroque et romantique en ces pays Anglo Saxons.

Pour leur protection et préservation !

Par ce 31 décembre 1913, date oubliée, la Commission Supérieure des Monuments Historiques des orgues, donna le ton à ce classement d’orgues conservés, et par très souvent arrachés à leur disparition, ce depuis 1950 où la mesure prit corps en France, au bénéfice de ces instruments menacés ou déclassés dans leur histoire !

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