De l'Epiphanie à la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem, en unité de pensée avec la Présentation de Jésus au temple qui sera célébrée le 2 février prochain à la fois par les orthodoxes et les catholiques
1 – L’épiphanie selon des rites multiples du christianisme
Le christianisme ne serait pas une religion passée, passéiste de la tradition qui cherche son sens dans la rétrospective du temps ancien;
Mais la religion de l’enracinement, de l’acculturation, celle encore de l’incarnation.
Les apologistes le répètent : “Dieu s’est fait chair d’homme dans l’humanité”.
L’Incarnation demeure l’identité du christianisme face aux commentaires divergents du moment, de ceux pour qui l’Enfant Dieu a pris les apparences d’homme du docétisme, ou encore est un être spirituel vers qui toute autre tentative d’assimilation serait erronée.
La présence humaine de ce Jésus, “Dieu qui sauve”, est actée dans l’histoire du christianisme depuis son origine en perspective continue d’un retour en gloire que partagent bon an mal an, d’autres confessions dont la confession juive en route messianique inachevée et toujours attendue.
Impossible avènement pour les uns, une parousie incomprise pour les autres, la tentation intellectuelle de l’heure est d’ajouter aux mythologies antiques le christianisme comme un agglomérat de croyances millénaristes de divinités guerrières en contraste permanent avec l’intelligence, en quête d’accomodement avec des forces invisibles agissantes et conflictuelles qui se répètent.
Les penseurs appellent ces forces négatives de la néguentropie que le penseur grec Démocrite décrivait comme un conflit ininterrompu des atomes de l’espace en constant mouvement.
A contrario le Missel Romain dernier né, introduit dans le Corpus Liturgique Catholique la formule, Dieu se manifeste aujourd’hui pour remédier sans doute à la volonté de renoncer à cette conviction spirituelle d’une épiphanie effective et non seulement formelle, informelle ou supposée.
Par sept fois disent les commentateurs la liturgie introduit l’adverbe “aujourd’hui” dans les préfaces, les oraisons, et les bénédictions de la fin de l’office, soit dans les antiennes du Benedictus ou du Magnificat pour la liturgie des heures de la journée.
En aucun autre jour de l’année liturgique on n’emploie cet adverbe qui atteint son zénith dans le phrasé “Aujourd’hui le Christ lumière qui luit dans les ténèbres s’est manifesté au monde”, à savoir en la bénédiction solennelle finale de la liturgie !
Car il s’agit bien de nous incarner dans le monde présent, et d’éviter de le contourner, de l’affronter ou de le refuser par tant de complotismes pérennes qui sont par trop souvent l’aveu d’un renoncement ou d’un désenchantement inavoué et possible.
La résistance est un terme actuel devenu “résilience” en de nombreux propos constants du moment.
Si les religions sont à la tâche face aux courants négationnistes en cours, les divinations multiples de croyances diverses portant sur la volonté humaine à se protéger, se défendre et résister par elle même, rencontrent des écoles philosophiques de plus en plus nombreuses aujourd’hui, de coachings qui peuvent selon leurs méthodes psychologiques, driver l’entendement, le modifier et l’éduquer pour être aptes aux détournements possibles de la destinée.
En des cercles d’initiés zélés et convaincants on y pratique ainsi la méthode douce ou rude parfois, de l’endoctrinement ou du prosélytisme intellectuel, pour armer l’intellect de forces invincibles de résilience !
Pour un chrétien la tâche est aride, la faculté personnelle de s’accomplir aujourd’hui dans son pouvoir de réaliser “le pain de son quotidien” par le travail, la créativité et l’imagination, rencontre ce verset biblique surprenant, “Ne vous faites pas de souci de demain, demain aura le souci de lui même, à chaque jour suffit sa peine”, Matthieu 6,34.
C’est bien donc aujourd’hui que Dieu accomplit en chacun sa mission, en demeurant en chacun, l’aujourd’hui divin n’est nullement une quelconque supercherie ou une illusion de l’esprit en quête de sa gratification.
De cette adhésion naît le discours de la méthode comme rapporté par la Constitution sur la liturgie du Concile Vatican II , “le Christ est là présent lorsqu’on lit les Saintes Ecritures, il est là présent dans l’eucharistie, il est là présent dans la célébration sacramentelle agissante dans la vie de tout baptisé, en demande de surnaturel de toute vie. Sacro sanctum Concilium N7...
2 -La liturgie manifeste cette présence divine au milieu de toute assemblée jusqu’à la fin des temps.
Elle n’ajoute mais accomplit, remémore sans cesse et réitère à l’infini une adhésion spirituelle et surnaturelle habitée de l’esprit mais inachevée !
Le pape Paul VI le déclarait avec force, non seulement par la présence réelle dans les espèces eucharistiques dans Mystérium Fidei, mais à la fois en notre présence personnelle, communionnelle et partagée en une assemblée . L’épiphanie ou la manifestation lumineuse de ce mystère n’est pas une supercherie de plus, une allégeance fébrile à la magie suspecte de la croyance.
L’oraison d’ouverture de cette liturgie l’assure, “Aujourd’hui Seigneur Dieu tu as révélé ton fils unique aux nations, non en un espace géographique sacré et impersonnel, mais dans le coeur de chacun en toutes latitudes de la terre.
Le pape François comme nul autre pareil avant lui, rapporte que le prodige de l’incarnation est un émerveillement permanent en toute vie où la célébration du culte divin est avant tout un temps de rencontre avec le divin, là où il n’est jamais contraint, ni confisqué, ni réservé à des croyants en peine de communication, avec d’autres formes d’humanité réticentes ou résistantes à cet échange personnel. Lettre apostolique Desiderio desideravi - N33.
Un tel enjeu répété inlassablement par le pape jésuite françois est récurrent.
La foi chrétienne dans notre société moderne est la présence du Christ qui s’intéresse à chacun quel que soit sa forme d’humanité hic et nunc, à savoir ici et maintenant, à qui elle donne vie, console et aime comme il est.
Point de condescendance, ni de suffisance de la part de ce pape singulier.
Point de convoitise concurrentielle ou prosélyte avec les autres confessions monothéistes qui toutes affirment l’existence de dieu.
Le propre du chrétien n’étant pas de reconquérir toute supériorité suffisante de l’existence personnelle avec son dieu mais sans doute avec modestie et humilité de déclamer son action efficiente en toute vie partagée avec tant d’autres qui la comprennent , l’admettent parfois, ou la subissent !
Dans le macrocosme religieux actuel où le vocabulaire de la croyance épouse parfois des interprétations diverses ou opposées de la présence divine, que retenir de cette épiphanie christique aujourd’hui ?
La fête de la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem conforte la foi chrétienne héritière de l’alliance éternelle de dieu avec ses croyants.
Héritière d’une histoire messianique ancienne et perpétuée initialement dès le VI ème siècle par les chrétiens de Jérusalem,elle traverse le cours de l’histoire des hommes habités de cette présence divine dans “ l’aujourd’hui épiphanique de nos vies.”
L’évangile de Luc au chapitre 2, 22- 40 rapporte cette fête commune au calendrier julien et grégorien ce même jour, de la Purification de Jésus au Temple de Jérusalem.
Une concordance célébrée dans toutes les communautés chrétiennes à cette date.
Il était rappelé selon la loi juive que “tout enfant premier né de sexe masculin devait être consacré à l’Eternel - Ex,12,2,11-13 : Joseph et Marie accomplissent cette Présentation selon le livre sacré des évangiles.
40 jours, date à forte symbolique séparent Noël de la Présentation..
Un moment fort de la vie rurale auréolée de célébrations de la chandeleur, et de cultes anciens à la terre.
Les narrations des artistes inspirés par cette fête ont su au cours du temps emprunter les outils du passé pour, à travers les enluminures, les vitraux, les tapisseries et les mosaïques parfois, habiller le récit des images parlantes du mystère de cette présentation.
On ne saurait oublier à ce propos ce cantique de Syméon en Luc 2, 29-32 “Maintenant ô Maitre souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples.Lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël”...
Les premières célébrations remonteraient au IV ème siècle dans les liturgies en grec rappelant que l’enfance de l’Enfant - Dieu avait emprunté les voies de la prière, de la louange et des hymnes pour exprimer cette adhésion au mystère de l’incarnation divine en Jésus.
Un défi continu pour tous les temps !
Photo de couverture : icône de la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem. La scène se déroule à l’intérieur du Temple signifié sur l’icône par le voile rouge unissant les deux bâtiments de gauche et de droite. Au centre, Marie offre son enfant à Syméon devant un autel sur lequel dans le Temple, on immolait les agneaux apportés par les familles riches. Ici, la figure de l’agneau est associée à l’Enfant Jésus, qui adulte, offrira sa vie. Déjà, Jésus entre dans sa mission de Sauveur.