Ce dimanche 3 juin, de nombreux villages bas-navarrais célébreront Besta-Berri ou Fête-Dieu, la plus prestigieuse cérémonie au Pays Basque, avec un mélange unique de profane et de sacré. La messe solennelle sera suivie de la procession avec la garde armée, souvent appelée « Napoléonienne » : à Armendarits, elle aura lieu à 15h30 et à Hélette, après la messe de 10 h 30 (dimanche 10 juin, « refête » après les vêpres chantées à 16 h, la messe ayant lieu à 10 h 30).
A Oñate en Guipuzkoa, la fête porte le nom de « Korpus » et s’étend depuis le vendredi 1er jusqu’au dimanche 3 juin, lorsque les ornements du baroque ornent les processions religieuses : au milieu des figures vivantes des Apôtres, de Saint Michel et du Christ, les danseurs du groupe Oñatz évolueront au son des castagnettes et du txistu. Avec mesure et élégance, ils égrèneront les danses qui sont restées liées à ce jour de la Fête-Dieu : Saint-Sébastien, banakoa, launakoa, zortzikoa et arku-dantza (la danse des arceaux), et pour finir la journée, l’aurresku et la soka-dantza. Entretemps, le samedi 2 juin à 10h30, les membres de la société d’études basques Eusko Ikaskuntza seront honorés par les jeunes danseurs d’Oñatz sur la place des Fueros (Foruen enparantza) avant de se réunir en assemblée générale au Théâtre Santa Ana où ils nommeront la mairie d’Oñate « membre d’honneur » de la société.
La Soule n’est pas de reste où ces festivités traditionnelles au Pays Basque revêtent une solennité particulière grâce à l’école Saint-Michel Garicoïts à Etcharry, par la ferveur de la cérémonie religieuse (le 3 juin à 10 h) et la richesse des costumes du défilé qui se déroulera pour la seconde année au château Oihenartia à Etcharry (à 11 h 30). C’est Mgr Alfonso de Galarreta, évêque auxiliaire de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, qui présidera la cérémonie religieuse (à 12h30, apéritif offert, suivi du repas paroissial, sur inscription, tél. 05 59 65 70 05).
Contrairement à une opinion inexacte mais largement répandue, malgré une certaine saveur « Empire » du fait de la présence des troupes napoléoniennes dans notre région, cette garde n'est pas le souvenir « folklorisé » de cette époque mais le vestige des milices franches armées librement par le Labourd et la Navarre, avant la Révolution de 1789. L'arme, alors, n'a plus du tout la même signification : défiler le fusil à l'épaule ou l'épée au côté une fois l'an témoigne du droit et des libertés (perdues) du pays et de ses habitants ! De nombreux villages ont conservé cette antique tradition de rendre de véritables honneurs militaires au Saint-Sacrement durant la procession de la Fête-Dieu.
Le rituel prévoit la présence de sapeurs armés de haches, d'un capitaine et d'une troupe de soldats, de lanciers et de coqs, des jeunes danseurs de l’école exécutant en une magnifique figure d’ensemble la traditionnelle « Ezpata-dantza ». Sans oublier le suisse à qui revient la responsabilité de l'ordre proprement liturgique. A Etcharry, les collégiens de l’école Saint-Michel Garicoïts, montés à cheval, ouvriront la procession ! Quant à l’animation musicale, elle est due à la fanfare paroissiale d’Etcharry, très appréciée. Rappelons que cette école dont les effectifs croissent d’année en année avait été fondée à Domezain, il y a plus de trente ans, du temps du terrible et très charismatique abbé Goyhenetche, curé de ce village souletin qui avait ainsi permis l'installation de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X au Pays Basque, il y a plus d’un quart de siècle, avant qu’elle ne déménage, il y a deux ans, de Domezain (où l’école était à l’étroit et où ce sont les religieuses qui ont pris sa place) dans le village voisin d’Etcharry ! Depuis lors, la relève avait été assurée jusqu’à il y a peu par le jeune, dynamique et très apprécié abbé Aldalur, originaire de Béhobie. L’année dernière, Besta-Berri avait d’ailleurs fourni l’occasion de fêter ses dix ans de sacerdoce avant qu’il ne se retire au couvent des Capucins Saint-Antoine d’Aurenque où il est devenu le Père Benoît Régis en la solennité du Christ-Roi, dimanche 29 octobre dernier. Il est actuellement remplacé par (le non moins jeune) abbé Gonzague Peignot.