"Neretzat ditut haizeak, astroak eta itsaoa" : c'est la devise de Biarritz en langue basque qui a été gravée par la maison Bergara sur le makila que Maider Arosteguy a remis au prince Albert II de Monaco qui participait à la convention BioMarine débutée mardi dernier et consacrée à l'économie bleue. Devise traduite depuis l'original du sceau de la Ville en latin : « aura sidus mare adjuvant me » (j'ai pour moi les vents, les astres et la mer).
Ces astres rappellent que, durant plusieurs siècles, la principale richesse des habitants de Biarritz consista dans le produit de la pêche à la baleine, pêche abandonnée à la fin du XVIème siècle, ce cétacé ayant quitté nos parages...
Ce makila, très apprécié par le prince, participa ainsi à un échange de cadeaux entre Mme le maire de Biarritz et le souverain monégasque qui exprima sa satisfaction de séjourner dans la villégiature impériale.
Lancé en 2008, sous la présidence française de l’Union européenne et labellisé comme évènement maritime, BioMarine a été le premier groupe de réflexion dédié à l’économie bleue. Avec plus d'une vingtaine de pays représentés, l’édition biarrote a été consacrée aux risques liés à l’Océan avec la valorisation de la biodiversité, la transformation durable des algues, les biomatériaux et l’interaction entre la technologie spatiale et le maritime.
Des intervenants internationaux, chefs d’entreprises, universitaires, représentants politiques et même un représentant d'une tribu originelle canadienne qui a "psalmodié" un chant de sa nation - les Mi'kmaq - un peuple indigène des provinces atlantiques du Canada, depuis la péninsule gaspésienne du Québec jusqu'au nord-est du Maine…
Au cours de la session du lendemain mercredi, Mathieu Kayser, adjoint au maire de Biarritz chargé de l'Environnement, du Social et Économie solidaire, biodiversité et qualité de l'eau, avec la participation de Bertrand Pons, Centre Océan & Environnement Aquatique et directeur de Suez, a présenté le projet de construction d’un parc d’énergie houlomotrice.
Pierre Erwes est à l'origine de la création du forum international Biomarine : "La mer étant notre avenir, il importait de créer un rendez-vous majeur sur ce thème afin d'exploiter les richesses de ce milieu sans pour autant l’anéantir. L’idée est donc de réunir autour de cette plateforme de discussions et de solutions, des politiques, des scientifiques, des entreprises internationales et locales afin de réfléchir sur différents thèmes et problématiques liés à l’environnement maritime. Ce lieu de débats, de propositions et d’engagements réunit les décideurs du monde entier, industriels, chercheurs, la société civile, les médias afin de construire une véritable politique maritime internationale, capable de faire face à la mondialisation et à la compétitivité, au changement climatique, à la détérioration du milieu marin, ainsi qu’à la sécurité énergétique et à l’utilisation durable de l’énergie".
Son fils Antoine Erwes présentait les intervenants et introduisait les débats avec talent : il est le fondateur de Seaweed First, groupe de réflexion à but non lucratif pour l'industrie des algues, destiné à développer l'industrie des algues, aider les entreprises à réduire leur impact environnemental et social grâce à la culture d'algues biologiques. Antoine Erwes est également l'auteur d'une BD qui a été présentée à Maider Arostéguy ainsi qu'à Albert II : "Naïa, la voix des océans".
Fasciné par les océans dès son enfance du fait de sa proximité avec la mer et l'engagement de ses parents dans l'économie "bleue", mais n'ayant pu réellement concrétiser sa passion au cours de sa scolarité où le monde océanique, riche et complexe était peu abordé, voire ignoré, ce constat avait motivé Antoine pour "créer des ponts entre cette curiosité et les futures opportunités professionnelles", pour lui et bien d'autres... Et l'histoire de Naïa, de son voyage, constitue ainsi "la métaphore d'une quête visant à comprendre les océans et trouver sa place dans ce vaste monde qui change rapidement..."
Albert II de Monaco, l'homme et l'Océan
Dans son ouvrage "L’Homme et l’Océan" publié chez Flammarion, le Prince Albert II de Monaco, rappelle que la protection de la planète passe avant tout par celle des océans.
« Il est de mon devoir de prendre ma part du défi lancé à ma génération : trouver des solutions afin de préserver notre planète, notre bien le plus précieux. »
Il s’agit du premier livre publié par le Prince Albert II. Comme la quatrième de couverture l’indique, « ce livre nous plonge dans le récit de ce combat mené de longue date par le prince souverain et éclairé par le travail des scientifiques, envisage des pistes concrètes pour un avenir respectueux de notre environnement ».
Et si cette passion pour la mer remonte à la famille génoise qui, dès le XIIIème siècle, avait conduit des expéditions maritimes en Méditerranée et jusqu’en Mer Noire, l’emplacement de la principauté de Monaco, bordée par la mer, y est aussi pour beaucoup.
Sans oublier les membres de la famille princière qui auront mené de nombreuses expéditions scientifiques. Ce sont d’ailleurs les voyages du Prince Albert Ier qui l’auront poussé à créer le Musée Océanographique.
A ce propos, j'avais eu l'occasion de relater dans mon livre "Les Histoires extraordinaires du Pays Basque" (Editions du Pays Basque) comment le mécénat du prince Albert Ier de Monaco avait permis de débuter les premiers travaux dès la fin du XIXe siècle à Aizbitarte, la « colline aux cinq grottes » en Guipuzcoa...
Sur les pas de ses ancêtres et du Prince Rainier III, son père, le Prince Albert II aime voyager, et la grande bleue a pris une place particulière dans son coeur.
Pour l'anecdote, il est également le seul chef d’Etat au monde à s’être rendu dans les deux pôles, Nord et Sud.