En parallèle à l’exposition du Musée Basque, la Ville de Saint-Jean-de-Luz dévoile à la Villa Ducontenia une quarantaine de toiles des cinq peintres, décorateurs emblématiques de la poterie de Ciboure.
Ainsi, les artistes Louis Floutier, Pierre Almès, Petro Garcia de Diego, Carment Fischer et Roger Berné ont été sélectionnés par le commissaire de l’exposition Jean Idiart. Le plus célèbre est l’un des fondateur de la poterie de Ciboure, Louis Floutier (1882 -1936). Il y peignit des scènes de style néogrec en y ajoutant du néo-basque.
Entré aux Beaux-Arts de Paris en 1903, Louis Floutier se lia d’amitié avec Pierre Almès à l’atelier de Fernand Cormon. Il remporte de nombreux prix et participe régulièrement au salon des Artistes Français. Il épousa Elia Sarrut et fonda en 1919 avec Edgard Lukas et Etienne Vilotte la Poterie dans un ancien chai à bateaux, le long de la Nivelle à Ciboure.
Ce n’est qu’en 1922 que la marque de l’entreprise de « céramique d’art » de la poterie de Ciboure est officiellement déposée par Etienne Vilotte qui reprend l’affaire. A partir de cette époque, les noms des employés de la poterie sont inscrits officiellement sur les registres, bien que les artistes ne signent pas leurs œuvres. Parmi eux, le peintre-décorateur - ancien élève des Beaux-Arts à Paris - et ami de Floutier, Pierre Almès (1880), fut engagé à partir de 1924 par Etienne Vilotte pour peindre des paysages. A cette période, les décors néo-grecs des poteries sont alors progressivement remplacés par du néo-basque.
L’équipe d’artistes est rejointe par Pedro Garcia de Diego. Ancien élève de la Faculté des Arts de Saint-Sébastien, vivant à Irun, il partagea un temps son activité avec celle des ateliers de vitraux Mauméjean à Hendaye.
Sa fille Carmen Garcia Olano, née à Irun en 1934, s’adonne à l’art comme son père qui lui inculqua les rudiments de la poterie et du dessin. Très douée, elle signa à 15 ans ses premières pièces du nom de « Carmen ». Le coup de crayon au trait précis et sûr de ses portraits de jeunes filles, de vieilles femmes, scènes paysannes et folklore traditionnel, dévoile son style.
Après la guerre, la poterie est ruinée. Ancien commerçant, Rodolphe Fischer et son épouse Suzanne rachètent le fonds de commerce en 1945. La marque V.E. est maintenue jusqu’en 1951, puis remplacée par la marque R.F. De plus, chaque œuvre est à nouveau signée par son décorateur.
En 1947, Roger Berné (1933- 2002), originaire de Ciboure, un brillant ancien élève des Beaux-Arts de Bayonne, est engagé également en tant que peintre décorateur : il deviendra l’un des artistes les plus remarqués de la poterie. Il participera à la création du groupe de peintres Ortz-adarra et remportera les prix sur le thème du Pays Basque décernés par les villes de Bayonne, Boucau et Saint-Jean-de-Luz.
Malheureusement, en 1970, l’entreprise connut des difficultés dues à un contexte économique difficile et les meilleurs artistes - tel Roger Berné - sont obligés de quitter la poterie.
En 1977, Rodolphe Fischer décède et laisse la direction de la poterie à son fils Max qui avait fait des études de céramique. Entre temps, ce dernier avait épousé en 1951 Carmen Garcia Olano, la fille du peintre Pedro Garcia de Diego. et joindra à son initiale celle de Carmen, ce qui donnera « MFC ». Pendant 15 ans, les « Fischer » vont continuer la production jusqu’en 1995, date de la fermeture de l’entreprise.
La poterie de Ciboure étant donné sa qualité artistique aura ainsi existé pendant plus de 80 ans. Une durée dans le temps localement qui s’avère exceptionnelle malgré les difficultés dues à la guerre et aux crises économiques.
Exposition « Ur Bazterrean » jusqu’au 13 septembre à la Villa Ducontenia, 12 avenue André Ithurralde à Saint-Jean-de-Luz, ouvert du mercredi au dimanche de 15h à 19h30 et le samedi de 10h à 12h30 et de 15h à 19h30.
Légendes :
1, Rue de Saint-Jean-de-Luz par Louis Floutier
2, Port de Saint-Jean-de-Luz par Roger Berné