Après son beau succès d'il y a cinq ans, c'est un pari audacieux et original qu'a retenté et merveilleusement réussi l'Ensemble Orchestral de Biarritz en adaptant son concert de Noël aux "Lumières de la ville" de Charlie Chaplin, un film particulièrement poignant, et qui avait été présenté à Biarritz en 1931 par le célèbre artiste lui-même, comme le précisait le chef d'orchestre Yves Bouillier.
En prélude aux "Lumières de la ville", le directeur de l'Ensemble Orchestral de Biarritz fit jouer, toujours sous sa direction et lors de la 2ème séance, l'orchestre des élèves du 3ème cycle du Conservatoire Maurice Ravel.
Toutes les générations, des plus jeunes aux plus âgées, composaient le public remplissant à ras bord la Gare du Midi : les jeunes exécutants illustrèrent avec talent près d'une dizaine de courtes mélodies liées aux projections de scènes ou de photos extraites de la filmothèque de Charlot, leur succès ponctué de chaleureux applaudissements préparant l'arrivée des musiciens de l'EOB.
Car la musique jouait un grand rôle dans les films de Charlie Chaplin : déjà à l’époque du muet, il s’intéressait de très près aux pièces jouées par l’orchestre lors des premières en exclusivité de ses films. Dans "Les Lumières de la ville", il étonna la presse et le public en composant lui-même toute la partition musicale.
En fait, à part "Violetera" (le thème de la marchande de fleurs composé par le musicien espagnol José Padilla Sánchez), Charlie Chaplin avait composé l'ensemble de l'accompagnement musical du film.
Chaque personnage possède ainsi son propre thème, celui du vagabond étant un mélange de mélancolie et de joie...
Son génie d’orchestration des scènes les plus imprévues auxquelles il conférait un extraordinaire sens du rythme avec des "motifs ciselés, valses intrépides et tangos téméraires" montrait ainsi ses facettes virtuoses qui enthousiasmèrent le public (Albert Einstein et Bernard Shaw avaient assisté aux premières)... Et la critique orchestra un triomphe aux "Lumières de la ville" qui constituent jusqu'à maintenant, le sommet de sa réussite et de son art.
Autant dire qu'Yves Bouillier s'attaquait à forte partie… Et la réussite fut éclatante ! Le chef de l'Ensemble Orchestral de Biarritz avait su conférer cet élan, ce dynamisme et cet enthousiasme qui ont littéralement emporté la salle, tout en préservant la virtuosité technique voulue par Charlie Chaplin.
Énergie et plaisir ont ainsi été les maîtres-mots de ce ciné-concert qu'Yves Bouillier avait doté de riches couleurs sonores alternant avec des moments d'infinie délicatesse - par exemple dans le thème de la jeune fleuriste aveugle - qui ont littéralement envoûté le public de la Gare du Midi : 1200 spectateurs enthousiastes ont ovationné l'Ensemble Orchestral de Biarritz !