Organisé comme chaque été par l’abbé François-Xavier Esponde, le prochain colloque qui aura lieu mercredi 8 août prochain à l’église Saint-Laurent fera venir d’éminentes personnalités à Cambo : Mgr Gérard Defois, archevêque émérite de Lille et MM. Jean-Baptiste de Foucauld, ancien Commissaire général du Plan ainsi que Michel Camdessus, Gouverneur honoraire de la Banque de France, et donnera l’occasion de rendre hommage au Cardinal Etchegaray dont l’abbé François-Xavier dresse pour les lecteurs de Baskulture un portrait très vivant, après une remarquable entrevue dans un récent documentaire réalisé par TVPays, ndlr.
L'homme n'est pas bavard sur lui-même, taiseux selon la langue française, « ixila » disent les Basques.
Singulier, atypique, libre et universel.
Ses confidences sont rares mais on apprend au détour d'un voyage qu'il a bravé la mort plusieurs fois, sur les champs de conflits et de guerres civiles en cours, caché ou dissimulé dans des baraquements de fortune, protégé par des soldats de l'ONU et comme eux, à la merci des balles perdues de combattants de l'ombre.
Ses nuits dans des aéroports de confort spartiate, couché sur des banquettes de fortune attendant des correspondances parfois incertaines, l’habituel béret basque enfoncé sur la tête, le voyageur des causes indicibles n'a jamais eu peur des risques inhérents à ses missions.
Peu disert, il avouera parfois ses difficultés à joindre par téléphone le Pape à Rome pour l'informer de ses requêtes.
Sans fausse pudeur, curieux de tout connaître pour pouvoir mieux comprendre les adversités et les hostilités des hommes, peu enclin aux précautions des grands de ce monde, son bureau romain est resté longtemps le rendez-vous des visites discrètes d'émissaires venus du monde entier pour des propos privés aux dimensions universelles.
Sa vie est bien toujours ailleurs !
Membre de l'Académie des Sciences morales et politiques, Grand-Croix de la Légion d'Honneur en France - après le cardinal Liénart et l'abbé Pierre -, honoré d'autres décorations internationales dont il fait peu mention, le présent le préoccupe davantage que les gratifications passées, « J'avance comme un âne », selon le titre d'un de ses ouvrages, là où le destin le conduit.
Peu de peuples dans le monde n'ont reçu sa visite au cours de sa longue vie, souvent dans la discrétion, pour servir sans cesse l’Eglise et ses missions de paix.
La Fondation pour le Sahel, les rencontres des religions à Assise, l'Institut International San Egidio, les rencontres de Davos, les objectifs de la Banque Mondiale, ont bénéficié de sa présence silencieuse.
Eclaireur du temps à venir, tout l'intéresse, et le futur de l'humanité davantage encore que ses gloires passées ou « passéistes ».
Electron libre diront certains, mais si ancré dans l'orbite de la terre, que les sujets écologiques, les questions alimentaires internationales, la hantise de conflits locaux latents, l'eau et les énergies du futur, viennent à leur heure aiguiser encore sa curiosité légendaire.
En août 2013, on le vit à Espelette, son village natal chéri parmi tous les jardins du monde, planter l'Arbre du futur européen - le tilleul - sur le parvis de la mairie, la pelle à la main, fringant nonagénaire confiant en l'avenir, sous le regard médusé de témoins ; et pour l'histoire, que croyez-vous qu'il souhaita : « longue vie aux jardiniers du monde de l'espérance, n'ayez pas peur des lendemains » !
François-Xavier Esponde
Espelette, août 2013 : le cardinal l'arbre du futur de l'Euro