Le bréviaire ou le livre liturgique contient les offices de chaque jour de la prière (*).
Les prêtres, les religieux et de plus en plus de fidèles accèdent au bréviaire pour leur propre compte.
Pendant quatre semaines tout un chacun peut chaque jour se relier à la prière de l’église là où se trouve à l’aide de ce manuel tiré à grande diffusion en toutes les langues du monde.
On distingue dans le cas le bréviaire romain le plus usité par les fidèles, le bréviaire ambroisien en Italie, vestige ancien de la primitive église promu par Ambroise de Milan dans son diocèse.
Il faut ajouter le bréviaire mozarabe ancien du sud de l’Espagne dont le profil est particulièrement intéressant du côté de l’histoire et de la liturgie pratiquée par ces premiers chrétiens du sud, héritiers des premiers Pères de la Foi en terre d’orient
Leur culte mêle les parlers autochtones, des mélodies exceptionnelles et la culture méditerranéenne des deux versants, partagée par ces populations.
Et pour se singulariser enfin le bréviaire gallican, bien français, héritier de livres de dévotion marqués par les querelles franco italiennes entre les ultramontains et les gallicans français sourcilleux de préserver des singularités nationales en France.
Le bréviaire est somme toute un recueil dense de psaumes, d’antiennes, de répons, d’hymnes, de versets, d’oraisons, de lectures bibliques et de rubriques pour les fêtes et selon les saisons du calendrier de l’année liturgique.
Si le condensé est un résumé d’ouvrages plus denses comme ceux des couvents et monastères religieux, le sommaire invite à prolonger la prière et la vie spirituelle selon ses centres d’intérêt historiques ou de piété personnelle.
Dans les anciens livres de prières on pouvait trouver dans les antiphonaires, les psautiers, le collectaire ou le lectionnaire nombre de ces référentiels qui ont été adjoints entre eux pour composer un ouvrage plus complet et plus harmonieux.
Le père du bréviaire cité est Jean Chrysostome en Orient, dès le IVème siècle.
Il faudra attendre la fin du Vème siècle en occident latin, la figure du pape Gélase, l’initiateur de ce projet, suivi au fil du temps par les fondateurs d’Ordres religieux comme Benoit le bénédictin qui propose ainsi de sérier la lecture des psaumes tout le long de la semaine à ses moines, orants de la parole de Dieu chaque jour et en divers temps de la journée.
Sans oublier la part des ordres féminins comme les Carmélites qui disposent d'un livre propre à leur congrégation.
En grec on parlait du bréviaire comme “du compagnon de voyage”, spoutnik en russe, car de toute évidence on se déplaçait dans l’espace avec ce moyen mobile de la route.
Il faudra attendre le XIème siècle en occident pour connaître la diffusion de ce moyen en d’autres congrégations religieuses qui l’adopteront à leur usage.
Les chartreux ayant imaginé pour leurs solitaires cet instrument de la prière des heures pour sanctifier la journée dans la solitude de leurs cellules..
Ce qui semblait le privilège des religieux devint celui du clergé séculier en leur ensemble et des Ordres mendiants, franciscains et dominicains qui sur le conseil du pape Nicolas III adoptent le modèle de ce bréviaire franciscain le premier du genre recommandé aux fils de François d’Assise.
Le Concile de Trente donnera l’envoi de ces bréviaires en nombre avec la reconnaissance canonique du bréviaire de l’église par le pape Pie V en 1568, pour le temps du jour et de la nuit, avec le déroulé des matines, des laudes, des tierces, des sextes, des nones, des vêpres et des complies.
Une journée accomplie de vingt quatre heures placée sous le regard de Dieu, et ponctuée de ces temps de prières à la chapelle du monastère où le silence du lieu était interrompu par la prière des moines plusieurs fois par jour de bon matin, le soir et dans la nuit !
Les bréviaires des Briggitins et Briggitines furent abolis au delà de deux ans d’âge pour les remplacer par les nouveaux voulus lors du concile de Trente, tandis que les ordres religieux adoptaient leurs bréviaires propres, chartreux, cisterciens, bénédictins, franciscains, dominicains, augustins, selon une liste non exhaustive, chacun protégeant âprement sa singularité et sa tradition !
Le pape Urbain VIII sera le promoteur à grande échelle du bréviaire auprès des fidèles catholiques, pour des raisons évidentes qui trouveront leur point d’ancrage avec la Contre Réforme qui suivra.
"Il fallait éduquer dans la foi le peuple chrétien" en lui faisant découvrir la richesse de son histoire passée, celle des grands auteurs et des familles spirituelles qui n’en avaient ni le privilège ni l’exclusivité pour eux et leurs proches...
Les papes au cours du temps veilleront au contenu de la liturgie de leur pontificat, et pour le temps de Vatican II dernier concile vécu des années soixante et suivantes, on ne saurait oublier de citer le pape Jean XXIII et Mgr Martimort, un génie de la culture liturgique, professeur à l’Institut catholique de Toulouse, décédé en 2000 à un âge avancé.
Il fut expert au concile romain des questions liturgiques, admirable connaisseur de l’histoire religieuse orientale et latine, un homme exceptionnel dont les cours étaient suivis par des auditeurs qualifiés qui en connaissaient le bénéfice !
Et pour les sujets connectés au numérique de toutes générations, chacun peut selon ses goûts utiliser l’ordinateur, le mobile, la montre pour ce temps réservé à la prière dans sa vie personnelle !
(*) Le terme générique de “bréviaire” est attaché à une histoire de la prière des fidèles depuis les origines de l’Eglise.
Evoquer ce sujet demeure approximatif et non exhaustif, car le résumé d’un tel objet embrasse un espace universel de l’histoire ecclésiale toujours inachevée.
Le Dictionnaire d’Archéologie chrétienne et de Liturgie, recueil encyclopédique dense et académique du sujet, ou des travaux de Mgr Martimort liturge de renom invitent à une recherche approfondie du sujet.
Pour des fidèles moins informés sous le terme de bréviaire on peut trouver le recueil de prières des jours de l’église accessible à tout un chacun, sachant au demeurant que le sujet est infiniment exhaustif si l’on se livre à approfondir et pratiquer la tradition ecclésiale concernant le bréviaire selon les époques de l’histoire et de la communauté chrétienne.
Certaines éditions ayant été abandonnées telle le bréviaire gallican, de nouvelles éditions voient le jour, sont-ce des bréviaires ou des recueils de la prière ?
Doit-on les qualifier de bréviaires erronés ou de livres de ressourcement et de méditation personnelle ?
Les Liturges suivent aujourd’hui encore ce travail de création personnelle d’auteurs patentés, artistes, compositeurs et musiciens ou prosateurs.
“Le bréviaire” s’enrichit de cette richesse spirituelle.
La force de l’Esprit permet de le faire encore et d’en découvrir sans cesse les facultés mises à profit dans la prière !
Notre photo de couverture : Bréviaire à l'usage de Saint Jean Chrysostome possédé par Jean Ier d'Amboise (début XIIIème siècle)