La châtaigne eut ses heures fastes et de diffusion dans un temps jadis où elle représenta pour les populations le pain du quotidien avant de disparaitre dans l’ordinaire des jours et devenir un fruit pour la confiserie et d’autres usages médicinaux
A ne pas confondre avec le marron d’inde malgré sa ressemblance.
Tout enfant a goûté par inadvertance le marron en question et a compris le gout toxique de cette grosse châtaigne non comestible.
La châtaigne fut désignée comme « l’arbre à pain » pour son usage habitué de consommation commune ou « arbre à cochons » pour la nourriture abondante qu’elle proposait dans les sous-bois aux cochons errants de nos campagnes.
Nous nous souvenons d’avoir vu, à l’heure des châtaignes, ces troupeaux en liberté fuyant l’enclos des fermes, ces cochons gourmands et connaisseurs des lieux dispersés dans les environs forestiers de nos fermes familiales, en quête de ces fruits de la saison automnale.
Sortie de la bogue, la châtaigne représentait un objet d’étude pour nos chères maitresses d’école qui, au cours des « leçons de chose » du temps jadis, donnaient quelques bribes de connaissance botanique sur sa constitution et son observation.
Nous n’avons guère oublié l’analyse de l’épicarpe, du mésocarpe et de l’endocarpe qui protégeaient la farine de la châtaigne dans son étui intérieur au fruit.
Les anciens cultivaient le ramassage des châtaignes, si possible avant le passage des cochons errants, en les plaçant dans des barriques d’eau pendant la semaine, changeant cette eau tous les jours, et faisant leur collecte pour des usages en hiver.
Car, en ces temps-là, rien ne pouvait se perdre dans les sous-bois, champignons, noix, noisettes sauvages, châtaignes et autres produits étaient cueillis par saison et par la coutume.
Devenue un objet de consommation dérivée de la confiserie, de crèmes, de gâteaux, de confitures, la châtaigne n’a plus la même demande bien que, les habitudes suscitant parfois des retours au passé authentique, on revoit aujourd’hui au coin d’une rue ou sur les étals de marché des ventes de châtaignes de saison qui semblaient il y a peu totalement inadaptées aux mœurs actuelles.
Les amateurs vantent à l’envi les protides, lipides, glucides et potassium contenus dans ce fruit. Jusque la vitamine C qui donnerait une alimentation complète écologique et bien verte de sa consommation. Avouez que l’appétit venant en mangeant, un peu de vin ou du cidre pourraient se joindre à ce menu frugal reconnu et redevenu « tendance », mais pas pour tous !
Le châtaignier décline de multiples noms dérivés selon ses espèces traditionnelles ou croisées : la coubelle, la bouche rouge, la pourette, l’aguyane, pour les traditionnelles, la marigoule, la bouche de bétizan, la bournette, pour les plus croisées… Avouez que faire leur différence devient compliqué et, dans ce cas, dépasse mes analyses...
On trouve des châtaignes in situ en Ardèche, en Périgord, dans le Var, mais rien de commun avec la Chine, à ce jour première exportatrice vers nos terres de châtaignes.
La châtaigne est fêtée dans le Var, en Ardèche, dispose d’un musée de la châtaigne, et fut l’objet d’attention du calendrier républicain français d’une longévité moins assurée que celle de ce fruit exotique qui traversa les continents.
Le pépiniériste Germain Lafitte de Mendionde rappelait que le châtaignier fut l’arbre de ses débuts dans nos terres basques, où il fut implanté par ses équipes de jardiniers et aura eu le temps d’enracinement que l’on connaît…
Ainsi court le régime de la châtaigne qui n’a pas guère disparu de notre environnement, et sans aucun doute pour longtemps, encore !
Une autre chronique rappellerait encore l’usage du bois de châtaignier dans la construction de nos fermes et nos églises (poutres), préféré au chêne car moins coûteux à l’achat, et surtout particulièrement révulsif aux termites...
François-Xavier Esponde