Manex Barace poursuit son voyage en Argentine, sur les traces de ses grands-parents, Gregorio Barace et Raimunda Arozamena qui avaient, chacun de son côté, quitté un jour village, famille et proches à la recherche d’une meilleure vie en émigrant aux Amériques au début du XXème siècle.
Photo de couverture : Arrivée à Mar del Plata, la "Biarritz argentina" ©Manex Barace
Mar del Plata / Iguazu Argentine
Mercredi 8 novembre, hôtel – aéroport Aeroparque en moins de 20 minutes contre 3500 pesos, bon marché. A l’aéroport, avant passage en zone d’embarquement, la bouteille d’eau coûte 700 pesos. Une fois les contrôles passés, la même en vaut 870 !
Envol pour Mar del Plata à 11h35, arrivée à 12h40 avec Aerolinas argentinas.
Installation à l’hôtel Costa Galana, hôtel 5 étoiles avec concierge en habit et chapeau haut de forme ! Je pensais qu’il ferait plus chaud qu’à Buenos Aires. Durant mon séjour, c’est le printemps dans l’hémisphère sud, mais il fait 5 degrés le matin et 15 l’après-midi…
A la plage voisine, l’eau de mer avoisine les 13 degrés. Quelques surfeurs, quelques promeneurs sur le sable. Je ne ferai trempette que jusqu’aux genoux, en short et veste polaire. Heureusement l’eau de la piscine affiche 28 degrés et l’accès au SPA est inclus pour les clients de l’hôtel.
A quelques 600 kilomètres de Buenos Aires, Mar del Plata (Mardel pour les habitués) est une des stations balnéaires favorites des Porteños. Comparée par les Argentins à Biarritz, elle est beaucoup plus étendue avec une vingtaine de kilomètres en bordure d’océan. La comparaison me semble un peu exagérée mais je n’ai parcouru à pied que le quartier où est situé l’hôtel, avec une petite plage aux petites vagues (du moins durant mon séjour) où malgré tout quelques surfeurs sont présents.
Non loin, un port où sont amarrés quelques bateaux de pêche et un port militaire. Située dans la province de Buenos Aires - 400 kilomètres séparent les deux ville - Mar del Plata compte 630.000 habitants. La ville est souvent appelée la Perle de l'Atlantique (Perla del Atlántico) ou la Biarritz argentina (en raison d’une similitude pour ma part toute relative…).
Cette partie du littoral n’a été occupée et mise en valeur que tardivement, les missionnaires jésuites, découvreurs et bâtisseurs ne s’y établirent qu’en 1747. Plus d’un siècle plus tard, les Portugais s’y établirent et donnèrent le nom de El puerto de la laguna de los Padres, devenant Mar del Plata en 1874. Au tournant du siècle nombre de riches Porteños y firent construire des résidences estivales, certaines dans le style Art nouveau. Il en subsiste peu hélas, remplacées par des tours qui défigurent quelque peu le front de mer…
Mar del Plata est liée au Pays Basque en la personne – entre autres – de Pierre (Pedro) Luro Oficialdegui (1820 – 1890), natif de Gamarthe (certaines sources indiquent Saint-Just-Ibarre), émigré en Argentine en 1837 à l’âge de 17 ans. Employé dans un saloir puis dans les transports, son sens des affaires le propulsa à la tête d’entreprises de commerce et fut le moteur de l’économie de Mar del Plata dès 1877 (construction d’un nouveau port, d’un saloir, d’un moulin à farine…) et de la province. Travailleur infatigable (et quelque peu chanceux) il diversifia ses activités entre le commerce de détail, l’élevage, l’exploitation forestière… Rien d’étonnant à ce qu’une des principales artères de la ville porte son nom, où trône un buste le représentant.
Outre le fait de découvrir ce « Biarritz » argentin, célèbre pour son Festival de cinéma, retrouver les traces d’un Basque ayant réussi valaient bien un détour durant ce voyage.
Jeudi 9 novembre, taxi vers ce que l’on peut appeler un des centres-villes, ne serait-ce que parce que la cathédrale dédiée à Saint-Pierre et Sainte-Cécile y est édifiée, voisine de la Plaza San Martín, d’un grand marché, de l’office du tourisme principal (fermé au public, il faut s’adresser à l’office du tourisme municipal, proche de bâtiments de briques qui rappellent l’hôtel du Palais de Biarritz). Après le vent glacial du matin (5 degrés au petit jour) un peu de soleil est le bienvenu sur le chemin du retour à pied (c’est fou ce que les plans de villes trompent, question distance), le long de la corniche, ancien casino, Playa de los Pescadores, Punta piedras, à la recherche d’un bâtiment qui a échappé aux démolisseurs, la Torre Tanque. Achevé en 1943 ce bâtiment que l’on pouvait voir de loin avant la construction des tours d’habitation saisonnières est un château d’eau de style médiéval, perché sur la colline de Stella Maris. Malgré les immeubles alentour, la vue depuis le sommet (ascenseur !) est belle sur l’océan, la ville et le lointain. Il alimente toujours en eau potable une partie de la ville.
Beaucoup marché depuis ce matin. Je demande à un taxi de me conduire à un restaurant basque situé près de l’hôtel, pour voir quel est son style architectural. Las, il n’existe plus depuis des années. A sa place un club privé. Pas mon genre. Pour me réchauffer et continuer l’après-midi, rien de tel qu’un plouf dans la piscine et accéder au SPA jusqu’à la tombée de la nuit (18 heures !). Dernière soirée avant les vols de demain, destination Buenos Aires tout d’abord, puis Iguazú, dernière étape de ce voyage.
Vendredi 10 novembre, rien ne presse ce matin, une station de taxis jouxte l’hôtel Costa Galana. Le premier des deux vols pour Iguazú via Buenos Aires est prévu à 12h50 avec une arrivée une heure plus tard, et la connexion à 15h40 pour une arrivée à 17h30.
Accueil à l’aéroport et installation à l’hôtel Panoramic Grand font partie de mon package. Donc tout va bien. Première surprise à l’arrivée à l’aéroport, tout augmente, y compris les tarifs des courses des taxis. Prix fixe avant-hier 4000 pesos, depuis aujourd’hui 5500. Deuxième surprise lors de l’enregistrement de ma valise, dont le poids n’a pourtant pas augmenté : surtaxe de 5100 pesos. Il faut bien faire avec.
Température 17 degrés ce midi et beau temps à Mar del Plata. Par contre, beaucoup de turbulences durant le vol, l’odeur venant de l’arrière de la cabine laissait présager un service de restauration à bord. Fausse alerte, les conditions météorologiques ne permettent pas de l’assurer en toute sécurité. Donc même pas un verre d’eau pour mes médicaments (j’en ai obtenu un une fois l’avion arrivé à destination).
Troisième surprise, l’atterrissage ne s’effectue pas à l’Aeroparque, d’où je dois repartir dans deux heures, mais à l’aéroport international d’Ezeiza. Vent violent et pluie torrentielle pour changer de terminal dans l’aérogare d’Ezeiza. Trempé (mes affaires de pluie et mon parapluie sont bien rangés dans la valise, enregistrée jusqu’à la destination finale de ce jour) je me dirige d’un comptoir à un autre afin d’essayer d’obtenir des informations.
Alléluia, il y a encore un vol pour Iguazú (côté argentin) en cette fin d’après-midi à 18h05 depuis Ezeiza, et quelques places disponibles. Plusieurs fois retardé en raison des conditions météorologiques locales (demorado por meteorologia), décollage à 21 heures finalement sous l’orage. Cette journée se caractérise par des temps d’attente dans les aéroports, 3 heures avant le départ ce matin, 5 heures cet après-midi. Il est minuit lorsque je prends possession de ma chambre après un transfert sans encombre. La température est encore de 30 degrés.
La ville de Puerto Iguazú se situe dans la région Nord-est de l’Argentine, à 1200 km de Buenos Aires. Peuplée par 40.000 habitants, elle a frontière commune avec le Paraguay et le Brésil. Avec ce dernier elle partage un des attraits naturels le plus spectaculaire du monde : les chutes d’Iguazú (Cataratas de Iguazú en espagnol, Cataratas do Iguaçu en portugais), déclarées Patrimoine de l’Humanité par l’Unesco (Argentine en 1984, Brésil en 1986) et considérées comme une des Sept Merveilles Naturelles du monde depuis 2012.
Les chutes se trouvent dans le Parc National Iguazú, caractérisé par une végétation dense et une faune de climat subtropical avec des hautes températures et taux d’humidité très élevé. On peut « visiter » aussi la Triple Frontera : point géographique où les frontières de l’Argentine, du Paraguay et du Brésil se rencontrent au confluent de fleuves, depuis un promontoire.
Samedi 11 novembre, visite du parc du côté argentin. Pour ce faire, bus régulier depuis la gare routière, 1.300 pesos par trajet, prix pour les touristes. Quelques kilomètres séparent Puerto Iguazú du parc. Profiterait-on du pouvoir d’achat plus important des visiteurs étrangers ? C’est certain en ce qui concerne le prix des billets d’avion pour les vols nationaux, a minima du simple au quintuple. A Iguazú, selon que vous demeurez dans la ville, la province, le reste du pays, c’est gratuit ou il en coûte 1000 ou 2500 pesos. Pour les autres (non argentins) les plus nombreux, l’accès général est de 20.000 pesos… Le stationnement des véhicules varie aussi, tarif progressif selon que l’on arrive à vélo, véhicule privé, bus régulier ou bus de tourisme.
La faune sauvage est plus ou moins visible dans la végétation : varans, coatis, singes, mais pas l’ombre d’un tigre, dont le visiteur ne verra que des photos. La première description du site par un Européen a été effectuée par Álvar Núñez Cabeza de Vaca au 16e siècle. De part et d'autre des chutes ont été créés deux parcs nationaux, le parc national de l'Iguaçu au Brésil 20% et le parc national d'Iguazú en Argentine 80%. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une ou plusieurs chutes, mais d'un ensemble de 275 cascades formant un front de trois kilomètres environ. La plus haute d'entre elles est appelée Garganta del Diablo en espagnol ou Garganta do Diabo en portugais (« gorge du Diable »). L'ensemble des cascades déverse jusqu'à six millions de litres d'eau (soit six mille tonnes) par seconde.
Ces chutes interrompent le cours de la rivière Iguaçu, affluent du Paraná, entre l'État brésilien du Paraná et la province argentine de Misiones. Elles comptent parmi les plus impressionnantes au monde. La majorité des chutes sont situées en territoire argentin. En Argentine, plusieurs circuits de visite ont été aménagés au milieu de la forêt et au-dessus des différentes branches du fleuve, via différentes passerelles. Il est possible de s'en approcher parfois à quelques mètres seulement et même de les surplomber. Petite marche à l’ombre de la forêt sur un sentier balisé ou assis dans le petit train écologique de la jungle qui mène aux différents points de départ des visites, dont la cascade la plus impressionnante, la Garganta del Diablo (en forme de U ; 700 m de long, 150 m de large et 82 m de hauteur) malheureusement interdite d’accès le jour de ma visite, suite à des inondations exceptionnelles (!) qui ont détruit les passerelles.
Qu’importe, le spectacle - véritable sons et lumières en plein jour - est suffisamment impressionnant en suivant à la queue leu-leu ceux qui vous précèdent sur le circuit supérieur et le circuit inférieur. Douche régulière et obligatoire garantie ! Les plus téméraires (?) peuvent même admirer les chutes depuis des bateaux à même la rivière.