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L'Esprit Basque
Argentina_2023 "buscando huellas de mis abuelos" / sur les traces de mes ancêtres (2)
Argentina_2023 "buscando huellas de mis abuelos" / sur les traces de mes ancêtres (2)

| Manex Barace 1490 mots

Argentina_2023 "buscando huellas de mis abuelos" / sur les traces de mes ancêtres (2)

1-La Casa dorada, résidence du Président de la République et la Plaza de Mayo©Manex Barace 2023.jpg
La Casa dorada, résidence du Président de la République et la Plaza de Mayo ©Manex Barace ©
1-La Casa dorada, résidence du Président de la République et la Plaza de Mayo©Manex Barace 2023.jpg
3-Le Congrès national©Manex Barace 2023.jpg
Le Congrès national ©Manex Barace ©
3-Le Congrès national©Manex Barace 2023.jpg

Manex Barace poursuit son voyage en Argentine, sur les traces de ses grands-parents, Gregorio Barace et Raimunda Arozamena qui avaient, chacun de son côté, quitté un jour village, famille et proches à la recherche d’une meilleure vie en émigrant aux Amériques au début du XXème siècle.

Buenos Aires

Pour une découverte assez complète, une petite semaine serait nécessaire. Je ne dispose que de trois jours, d’où des choix car j’ai en plus un rendez-vous au Centro Vasco Francés, calle Moreno 1370, un des 87 centres basques répertoriés dans le pays. Peut-être pas le plus ancien ou le plus important, fondé officiellement en 1895 principalement par des émigrés d’Iparralde, il exploite en ses murs un restaurant renommé, un trinquet en activité et une riche bibliothèque, actuellement fermée en raison de travaux d’étanchéité sur la toiture.

Norma, la secrétaire du CVF, me le fait visiter, dans l’attente d’un certain Agustín Eduardo Wieckiewicz, qui a souhaité me rencontrer. Professeur d’histoire et historien il est passionné par l’investigation et j’apprends donc qu’il s’est intéressé à une sépulture située dans le cimetière d’Avellaneda où il réside (photo de couverture). 
« Aqui yacen les restos mortales de Catalina Apat que falleció el 30 de julio de 1867 a la edad de 45 años » est-il indiqué sur la pierre tombale. Il a été intrigué par la date du décès alors que ce cimetière n’a reçu ses premiers occupants que 9 ans plus tard. Il a fait des recherches dans les archives paroissiales locales, qui l’ont amené jusqu’à Hasparren d’où était originaire la défunte. Un travail de détective amateur qui a le mérite en partant du cas particulier d’une migrante retracer une histoire et/mais surtout permettre au lecteur de plonger dans l’histoire, la géographie, la société, l’économie et la politique du Pays Basque au milieu du XIXème siècle. 
Le fait est connu, l’avenir des cadets/cadettes de famille n’était guère réjouissant, d’où la nécessité de s’expatrier dans une grande ville ou un autre pays. Echapper au service militaire était aussi une raison de départ de France comme d’Espagne.

Au fil des pages, le lecteur découvre (entre autres thèmes) l’ancienneté du travail du cuir et de la chaussure à Hasparren, les départs en cascade de personnes pratiquant le même métier, souvent rejointes par la famille après quelques années dans le pays d’adoption.

Côté météo, le temps n’est guère au beau pour les jours à venir quoique sans pluie cet après-midi. Muni d’un plan, c’est le centre et plus précisément le quartier du Retiro, où est situé l’hôtel, qui sera l’objet des premières visites, l’obélisque et le théâtre Colón, situés sur l’avenue du 9 juillet, une des plus longues artères de la ville. Retour avant la pluie, il fera jour demain…

4-Sépulture d'Eva Peron au cimetière de La Recoleta©Manex Barace 2023.jpg
Sépulture d'Eva Peron au cimetière de La Recoleta ©Manex Barace ©
4-Sépulture d'Eva Peron au cimetière de La Recoleta©Manex Barace 2023.jpg

Mercredi 1er novembre, jour férié dans de nombreux pays mais pas en Argentine. ¿Es dia festivo aca ? « No hay nada que festejar » me répond un commerçant à qui je demandais la direction du cimetière de la Recoleta. 

Auparavant, afin de préparer la journée du lendemain – ferry en direction de la ville (plutôt un grand village) de Colonia de Sacramento, située en Uruguay, sur l’autre rive du Rio de la Plata, j’avais fait un crochet pour calculer le temps nécessaire pour me rendre au débarcadère (7 minutes chrono !), les jardins de la Plaza San Martín, sa statue et la Torre de los Ingleses qui rappelle (un peu) Big Ben. 

Curiosité nationale, le cimetière de la Recoleta (du nom des moines récollets qui y avaient édifié un monastère et dont il ne reste que l’église coloniale de Nuestra Señora del Pilar, datée 1732) rassemble les dernières demeures de la gentry porteña d’une autre époque. 

Une petite ville dans la grande aux allées bordées de statues et d’imposants mausolées de marbre, de cryptes renfermant les dépouilles de l’élite, présidents, héros militaires, politiciens et autres personnalités célèbres (et riches). Nombre de cercueils sont visibles, protégés par des vitraux plus ou moins abimés… Bien que pas le plus imposant, le mausolée de la famille Duarte où repose Evita Perón, est la star incontestée de la Recoleta… 
Tout a un prix en ce monde et l’accès au cimetière est payant ! Moins de 400 pesos pour les argentins, 4.000 pour les étrangers (environ 5 dollars, selon le cours au marché parallèle) …

Déjà pas mal de kilomètres parcourus ce matin, entre les chemins directs et ceux de traverse, pas forcément des raccourcis. Avant la pandémie du Covid, il y avait à Buenos Aires quelque 50.000 taxis, seulement 20.000 maintenant, me glisse le chauffeur sur le chemin de la Plaza de Mayo (à moins que j’aie mal compris ?). Plaza de Mayo, vers l’est la Casa rosada (palais présidentiel), en face le Cabildo (ancienne mairie) et la principale église-cathédrale de la ville. 
La Plaza de Mayo est le point de départ de toutes les manifestations, dont celle des Madres de la Plaza de Mayo, qui se rassemblent tous les matins à 11 heures, réclamant toujours mais en vain justice et reconnaissance après la dictature du général Jorge Rafael Videla et autres militaires de haut rang. 
Au centre de la place, un petit obélisque célèbre l’indépendance du pays vis-à-vis de l’Espagne en 1810. Comme dans d’autres endroits symboliques (par exemple le Congrès national) des communautés indigènes campent tout en vendant des produits artisanaux pour attirer l’attention du Président et des autorités. 
Autre bel édifice, le Banco de la Nación, dont la fonction régalienne est appelée à disparaître (si l’on en croit le programme du nouveau président élu le 19 novembre dernier…).

La façade rose de la Casa rosada attire le regard des touristes en quête de photos et les pickpockets… Depuis les balcons, Juan et Eva Perón, le général Galtieri, Raúl Alfonsín et autres politiciens célèbres (en Argentine) ont harangué les foules.

Le Cabildo, hôtel de Ville du milieu du 18e siècle, devenu musée, est un bel édifice blanc et un marché d’artisanat en occupe les jardins. La cathédrale métropolitaine de style baroque, importante pour son style architectural et sa signification religieuse (Jorge Mario Bergoglio, devenu le pape François y fut archevêque de Buenos Aires et primat d’Argentine) abrite la tombe du général José de San Martín, le héros le plus révéré du pays, gardée par des soldats en grande tenue.

Le plus grand magasin de Buenos Aires, en tous cas le plus beau, Galerias Pacifico, édifié en 1889 dans le style français de l’époque, occupe un large pâté de maisons. Plafonds voûtés peints par des muralistes de l’école argentine du Nouveau réalisme en 1954 après des décennies d’abandon. Vaut la peine pour admirer, voire se protéger des intempéries. Il faut par contre trouver la sortie qui nous intéresse…

La construction du théâtre Colón a débuté en 1880 et ne s’est achevée qu’en 1908. Monument culturel majeur de la ville disposant d’une salle de spectacle somptueuse (que je n’ai pas pu voir). En poursuivant la route, mais plus loin sur le terrain que sur le plan, une institution, le café Tortoni situé sur l’avenida de Mayo. Facile à trouver, il suffit de scruter au loin la longue file d’attente sur le trottoir des gens qui font la queue pour prendre place dans le café le plus célèbre de Buenos Aires, ouvert en 1858 par Jean Touan, migrant né en 1817 à Barcus, en pays de Soule. Il fut nommé Tortoni en référence au Café Tortoni de Paris, établissement du boulevard des Italiens où se réunissait l'élite de la culture parisienne du XIXème siècle. Tous les guides de voyage préviennent : prix exagérés et service laissant à désirer mais il fait bon de s’y afficher… Ce n’est donc pas pour moi.

Jeudi 2 novembre, toujours la pluie. Grasse matinée, rien ne presse. Taxi vers le quartier excentré de La Boca, 2400 pesos. La météo n’incite guère ni à la nostalgie ni à la promenade malgré l’attrait certain des maisons pittoresques, hautes en couleurs et peintures naïves. C’est ici qu’étaient situées depuis la fin du 19e siècle les installations portuaires, déplacées ensuite plus au nord à Puerto Madero. Ma grand-mère est vraisemblablement passée par ici… 

Davantage pour me protéger des intempéries que pour effectuer des achats de souvenirs je passe d’un bâtiment à un autre pour passer le temps. Un chocolate con churros pour me réchauffer. 1900 pesos, une affaire. Dommage pour la qualité (rien à voir avec le même produit chez nous). 
Attente d’un hypothétique taxi sous la pluie. Comment ? 6000 pesos pour le trajet inverse ? La même mésaventure qu’avait connue Victor Hugo pour un trajet entre Bayonne et Biarritz en 1843 : quelques sous pour l’aller, plusieurs francs pour le retour à la nuit tombée… 
L’accès au métro et aux autobus nécessite l’utilisation d’une carte prépayée. Je n’en ai pas… Un jeune couple me dépanne, en validant un titre pour moi (80 pesos) et en refuse le remboursement.
L’inflation est galopante (+ 150% sur l’année). Bouteille de Cola achetée au Carrefour du coin, 950 pesos hier, 1300 pesos quelques jours plus tard…

2-Les maisons colorées du quartier de La Boca sont un rendez-vous incontournable©Manex Barace 2023.jpg
Les maisons colorées du quartier de La Boca sont un rendez-vous incontournable ©Manex Barace ©
2-Les maisons colorées du quartier de La Boca sont un rendez-vous incontournable©Manex Barace 2023.jpg

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