0
Tradition
A propos du Nouvel An juif
A propos du Nouvel An juif
© DR

| François-Xavier Esponde 1144 mots

A propos du Nouvel An juif

La communauté juive célèbre cette semaine, du mercredi au vendredi, le « Roch Hachana » ou Nouvel-An. A cette occasion, l'atelier de lecture « A l'écoute du judaïsme » se réunira au Centre diocésain du Béarn jeudi 28 septembre de 17 h à 18 h 30, veille de Yom Kippour ou Jour du pardon, lequel s'achèvera le samedi 30 suivant à la tombée de la nuit. Ce calendrier religieux ne coïncide pas avec le calendrier civil qu’ont adopté les confessions non juives et chrétiennes. Par l’article qui suit, le père François-Xavier Esponde veut rendre hommage à Sœur Ionel Mihalovici qui est actuellement retirée à Bayonne dans la communauté des sœurs de notre Dame de Sion, à Osteys. Auteur de nombreuses monographies pour exposer les fois juive et chrétienne, dans leur origine et leurs différences. Traduites en français et accessibles aux lecteurs intéressés... Originaire d’Europe Centrale, confrontée à la guerre, elle prendra le chemin de l’exode comme nombre d’autres juifs ashkénazes, pour rejoindre Israël par la Grèce et Rome. Brillante et d’une haute culture, la congrégation de N.-D. de Sion l’enverra à Madrid où elle fonda en 1972, à l’invite du Cardinal Tarancon, archevêque de Madrid, le Centre des Etudes Juives et Chrétiennes, enseignant la langue hébraïque, la culture juive et l’histoire du judaïsme espagnol. Pendant plusieurs décennies, cette institution savante fit connaître par le monde entier l’identité juive enracinée en Espagne. Parmi diverses distinctions, elle reçut du roi d’Espagne Juan Carlos le Prix du Mérite civil, dans le droit fil de son prédécesseur, le général Franco dont l'historien Shlomo Ben Ami, ex-ministre des Affaires étrangères d'Israël, avait souligné le paradoxe et la singularité : conservateur et pragmatique, le « Caudillo », si souvent étiqueté « fasciste », fit pour les juifs ce que les principaux leaders des démocraties ne purent ou ne voulurent pas faire. L'Espagne franquiste sauva, selon les sources, entre 25 et 60.000 juifs d'Europe. Rares, pour ne pas dire exceptionnels, furent les cas de juifs réfugiés en Espagne expulsés ou reconduits aux frontières pendant la durée du conflit.

Dès novembre 1940, le gouvernement de Franco recommanda aux juifs séfarades qui résidaient en France de se déclarer espagnols pour éviter les poursuites. Le Caudillo utilisa, comme fondement juridique de sa position, un décret-loi de 1924, signé par Alphonse XIII sur la suggestion du général dictateur Miguel Primo de Rivera (le père du fondateur de la Phalange, José Antonio). Ce texte de loi permettait aux juifs séfarades de s'inscrire en tant qu’Espagnols dans n'importe quel consulat ou ambassade, sans conditions ni limites.

A partir de 1942, le gouvernement espagnol franchit une nouvelle étape. Il concéda très largement aux juifs d’Europe passeports et visas pour échapper aux persécutions antisémites des divers pays qui collaboraient avec l'Allemagne nationale-socialiste. Les diplomates, ambassadeurs et consuls espagnols de Berlin, Paris, Marseille, Athènes, Copenhague, Vienne, Belgrade, Bucarest, Budapest, Sofia, etc., intervinrent pour faire valoir les droits de leurs nouveaux ressortissants. Octroyée en priorité aux juifs séfarades, la protection fut même souvent étendue à des ashkénazes.

ALC

 

Les juifs fêtent la 5778ème année de leur calendrier

Le rythme de l’année juive nous introduit dans la sanctification du temps comme le but de toutes les fêtes célébrées par le peuple de l’Alliance. Le calendrier basé sur la rotation de la lune autour de la terre soit 29 ou 30 jours donne un total de 354 jours mais, pour un mois supplémentaire tous les deux ou trois ans, elle retrouve l’année solaire des 365 jours. Et ce calendrier se réfère à la Création du monde en l’an 3760 avant notre ère, base sur laquelle on comptera le nombre des années, soit en 2018, on arrive à l’an 5778...

Relisant le texte de la Genèse, 1,5, « il y eut un soir, il y eut un matin », le jour commence à l’heure du coucher du soleil et se termine à l’heure du coucher du jour qui suit. Alors, le Sabbat prend son sens à la veille du samedi, comme c’est le cas pour toutes les fêtes juives.

Les chrétiens ayant ainsi emprunté la semaine des sept jours, le saint repos le septième ou le Sabbat observeront la parole biblique L’Eternel... bénit le septième jour et le consacra (Gen. 2,3).

Les fêtes juives commencent à l’automne, temps des grandes fêtes de l’année au mois de Tishri, soit en septembre-octobre.

Roch Hachana selon le Lévitique 23, 23-25 est l’anniversaire de la création du monde. Mais c’est avant tout un temps du jugement sur deux jours et deux nuits, où l’Eternel passe en revue toutes les créatures, comme le berger fait le compte de ses brebis.

A cette occasion, on tire d’une corne de bélier le chofar - en souvenir du bélier d’Abraham qu’il offrit en sacrifice à la place de son fils Isaac (Gen 22) - des sons violents, plaintifs et stridents qui sont un appel à se réveiller de la torpeur et à goûter le repentir. Dix jours de pénitence sont accordés par l’Eternel pour ce temps de retour pour se réconcilier, obtenir le pardon d’Adonaï et mériter d’avoir son nom inscrit dans le Livre de la Vie.

Dimanche, lors de la cérémonie en mémoire des victimes de la shoah, depuis la synagogue de la Victoire à Paris, on a pu mesurer l’importance de ce mémoriel pour toutes les morts innocentes recensées au cours du siècle passé, déportés, morts dans les camps de concentration, qui trouvent dans la synagogue parisienne désormais un reliquaire sacré pour le judaïsme placé en ce 17 septembre 2017 à la veille de Roche Hachanah. Tous les déportés dont les noms ont été retrouvés par le couple Klarsfeld honoreront cette mémoire pour permettre aux vivants de ne jamais les oublier !

Au terme des dix jours de pénitence de ce temps du repentir qu’est Yom Kippour - la plus grande fête -, le sabbat de tous les sabbats est célébré par un jeûne absolu de vingt-cinq heures de toute la communauté adulte. Peu d’israélites même éloignés des pratiques religieuses se soustraient à cette obligation, les synagogues se remplissent sur les deux jours.

Prières, louanges, méditations et confessions privées et publiques se succèdent tout le long de la célébration. Les rouleaux de la torah et les synagogues sont habillés de blanc, symbole de pureté. Pour certains juifs pieux, ce linge rappellera le linceul en signe de pénitence.

A l’époque du Temple de Jérusalem, Kippour était le seul jour où le grand prêtre entrait dans le Saint des Saints pour demander le pardon des péchés d’Israël. On célébrait encore le mémorial du bouc émissaire où cours duquel un bouc était envoyé au désert comme signe expiatoire par le grand prêtre, selon le Lévitique 16. Le cérémonial ancien du Temple est rappelé par le rabbin officiant sur un ton plaintif, en présence de l’assemblée qui mesure avec gravité le sens de ce culte sacrificiel aboli depuis la destruction du Temple mais jamais oublié par les fidèles.

François-Xavier Esponde

 

 

 

 

 

 

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription