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Tradition
A la Vigne de l'Eternel
A la Vigne de l'Eternel
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| Jean-François Esponde 808 mots

A la Vigne de l'Eternel

1 - En septembre, le raisin est mûr et les viticulteurs célèbrent le fruit de leurs récoltes.

Dans les pays bordant les deux rives de la Méditerranée, la vigne est présente depuis des millénaires sur ces terres chaudes et lumineuses où le raisin dispose des conditions naturelles d’excellence pour s’épanouir.

Nourriture de base avec le pain et le poisson, les autochtones cultivaient avec précaution la manne terrestre de leur survie au quotidien.

Symbole de la convivialité et du partage, le raisin est aussi le symbole de l’amour, et pour les sémites, un objet religieux célébré comme « l’image accomplie des noces de l’Alliance de Dieu avec son peuple élu ».

En septembre, les juifs célébraient dans leurs cultes la Fête des Tentes, à la gloire des récoltes données par l’Eternel à son peuple et pour honorer le souvenir des dons de Dieu reçus comme préfiguration de la Terre Promise, « un pays de blé et d’orge, de raisin, de grenades et de figues, pays d’olives, d’huile et de miel » (Deutéronome 8,8-9).

Un jardin d’Eden retrouvé où se magnifie l’abondance des biens reçus de la munificence de dieu.

Mais pour cultiver son jardin de vignes, le vigneron choisira le bon sol, exposé au soleil, purgé des pierres et des mauvaises herbes, et pansé contre les affections de sa croissance. Il choisira les bons plans et cultivera la terre dont il espérera les plus beaux fruits.

La vigne personnifiait de la sorte l’humanité dans ses humeurs et ses variations, cependant elle ne donnera pas que des fruits sucrés, et les fruits amers de ses récoltes seront interprétés par les anciens comme « le mauvais destin de l’histoire des hommes qui contrarie son travail ». (Isaïe 5,1-7). Isaïe, le prophète de la terre et des terriens décrit l’amour de Dieu pour son peuple élu Israël. Au milieu de ses tribulations et des inflexions des promesses données par les lois reçues sur le Sinaï, le sémite juif et le chrétien des origines comprendront les résistances idolâtriques de ses comportements à la Loi divine de l’Alliance.

Quel seront le sort et le destin de la Vigne du Seigneur, si la main portée sur ses sarments de vigne néglige les épines et les ronces qui menacent ses récoltes : « Les passants y grappillent en chemin et les bêtes des champs la broutent » (Psaume 79, 13-14).

2 - Dieu l’Eternel - Béni soit Son Nom - interviendra sans cesse dans l’histoire de son peuple pour sauver sa vigne et, dans son ambivalence innée, l’homme sera selon le temps de sa vie le bon ou le mauvais vigneron.

Le chant du Bien Aimé et le lien intime à sa vigne mettront en relief ces vignerons indélicats qui disposent de la vigne en fermiers d’impunité. Ils n’hésiteront à maltraiter l’humanité qui travaille sur la vigne, jusqu’à assassiner les envoyés du propriétaire. Ces prophètes seront bien souvent tués pour avoir voulu rappeler au peuple élu sa vocation et ses missions au service de la Promesse intangible.

Pour ces sémites au fait des récits oraux transmis de génération en génération au peuple élu, les admonestations et les mises en garde sur la gestion juste de la vigne parlent et ont du sens.

Du récit raconté à la perception des menaces sur la valeur et la protection de la vigne, les auditeurs des prophètes comprendront les enjeux en cours « des bons usages de la terre et de ses récoltes pour en assurer la qualité et la survie » (Marc 12,1-12).

La figure de Jésus - ce Dieu qui nous sauvera - sera le vrai vigneron et la personnification de la vraie vigne, telle que perçue par les premiers disciples du Seigneur et rapportés par ces versets bibliques : « Moi - Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron » (Jean 15-1).

Jésus s’identifie à la vigne parce qu’il a accepté de se laisser planter en terre sur un sol douloureux.

Dieu ne pourra plus abandonner sa vigne en son fils incarné car, selon la promesse reçue de nos pères dans la Foi, il ne pourrait se renier lui-même. Dans ce corps sacrifié et broyé comme les raisons de la récolte, Jésus fera de nos vies les sarments de sa vigne pour qu’en Lui la vigne de Dieu ne cesse de donner des fruits en son humanité incarnée dans l’histoire.

Et par Sa mort sur la Croix, souvent identifiée en Orient au cep de vigne torsadé, Jésus offrira son amour à l’humanité, ce fruit de la vigne qui rappelle « les noces de Dieu, infinies, avec le peuple de l’Alliance ».

La vigne est alors le sommet et le symbole d’un lien profond que les humains réclament de leur Seigneur Dieu et qui leur permet de faire fructifier en ce jardin des délices ces grappes de raisins « Fruits de la terre et du travail des hommes qui deviendront le vin du royaume d’éternité » !

 

 

 

 

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