La commémoration ces jours-ci du 150ème anniversaire de la IIIème république ne doivent aucunement occulter les conditions dans lesquelles elle fut proclamée le 4 septembre 1870, lors de la défaite de Sedan face aux Prussiens et afin de provoquer la chute de l'Empire.
En fait, le 4 septembre 1870 constitua « un coup d'état républicain » ! En matière historique, il est toujours préférable d’avoir un certain recul par rapport aux événements passés. Le Second Empire, Napoléon III et l’impératrice Eugénie sont des sujets qui furent longtemps mis aux oubliettes par certains historiens orientés… Il y eut 1870, la guerre franco-prussienne, déclarée le 19 juillet, tant désirée par le perfide Bismarck, puis la journée dramatique de Sedan, et ce fut le 4 septembre, l’effondrement tant voulu et désiré par l’opposition républicaine…
Dans le domaine de l’Histoire, il est toujours préférable d’avoir un certain recul par rapport aux événements passés. Le Second Empire, Napoléon III et l’impératrice Eugénie sont des sujets qui furent longtemps mis aux oubliettes par certains historiens orientés… Il y a eu 1870, la guerre franco-prussienne, déclarée le 19 juillet, tant désirée par le perfide Bismarck, puis la journée dramatique de Sedan, et ce fut le 4 septembre, l’effondrement tant voulu et désiré par l’opposition républicaine…
Or, il convient de rappeler que lors des semaines qui précédèrent la déclaration de la guerre à la Prusse, les journaux contribuèrent à l’effervescence générale, adoptant une position clairement belliciste. Il n’en fallait pas plus pour entraîner une foule qui ira jusqu’à se masser devant l’ambassade de Prusse, boulevard Saint-Michel, à Paris, pour hurler : « A Berlin ! ».
Affirmer que c’est Napoléon III qui est à l’origine de la guerre de 187O paraît exagéré. Il ne voulait pas de cette guerre, les généraux si. Ceux-ci ont dit à l’empereur, en parlant des soldats, « qu’il ne leur manquait pas un bouton de guêtres », alors que rien n’était prêt. Et la princesse Mathilde avait même déclaré à propos de Napoéon III qui était dans un état physique épouvantable : « Et c’est cet homme-là que vous envoyez à la guerre ! » C’est l’incurie des généraux qui est responsable de la défaite, par l’empereur. Il est temps de remettre les choses à leur place.
En revanche, c’est grâce à l’impératrice que la France a pu récupérer, en 1919, l’Alsace et la Lorraine. Elle a fourni des lettres échangées entre Napoléon III et le roi de Prusse prouvant que celui-ci ne considérait pas ces deux régions comme allemandes, mais comme des zones stratégiques.
Dans un de ses écrits, l’écrivain, critique d'art et journaliste Octave Mirbeau dénoncera les accusations infondées dont on accablera les souverains, en particulier leurs supposées intentions en faveur du conflit : « On a osé vous dire que c'est l'Empereur qui a voulu la guerre. Je réponds que c'est un mensonge. Non, ce n'est pas l'Empereur, car il s'est séparé de Drouyn de Lhuys, son ancien ministre des affaires étrangères, parce qu'il voulait la guerre (ce ministre s'était déjà montré favorable à une intervention militaire contre la Prusse au lendemain de Sadowa, fin août 1866).
Ce n'est pas l'Empereur, car, quelque temps avant que la guerre éclatât, il avait proposé à la Prusse un désarmement réciproque.
D'ailleurs, vous n'avez, pour savoir quelle était à cet égard l'opinion générale, qu'à jeter les yeux sur les journaux, même les moins bien disposés pour l'Empire. En particulier « L'Univers » : "La guerre où nous entrons n'est, pour la France, ni l'œuvre d'un parti, ni une aventure imposée par le souverain : la nation s'y donne de plein cœur".
Voici ce que disait « Le Soir » : « Ce n'est pas l'Empereur Napoléon III qui, de son chef, a déclaré la guerre actuelle, c'est nous qui lui avons forcé la main ».
Voici ce que l'ambassadeur d'Angleterre écrivait à son gouvernement : "L'excitation du public et l'irritation de l'armée sont telles qu'il devient douteux que le gouvernement français puisse résister au cri poussé par la guerre. On sent qu'il sera obligé d'apaiser l'impatience de la nation en déclarant formellement son intention de tirer vengeance de la conduite de la Prusse."
Ceux qui ont voulu la guerre, c'est les Prussiens (…), les gens de l'opposition, qui, cherchant à tout prix un prétexte pour critiquer le gouvernement et pour tâcher de se faire une popularité en spéculant sur le patriotisme souvent aveugle des masses (…) Ceux qui ont voulu la guerre, ce sont les braillards de Paris qui ont hurlé la Marseillaise et crié : "À Berlin !" avant même de savoir ce dont il s'agissait »…
Le 4 septembre 1870, les Parisiens proclament la République (c'est la IIIème du nom). Certains républicains se hasardent à souhaiter qu'une prompte défaite consacre la ruine du régime et hâte l'avènement de la République. ... Plutôt Bismarck que Napoléon III !
« Faut-il rappeler les événements de cette journée du 4 septembre que les Républicains n’ont cessé de glorifier, et qui, pour l’historien impartial, demeurera un véritable crime de lèse-patrie : une révolution faite devant l’ennemi triomphant », écrira l'avocat, conseiller municipal de Paris et romancier Maurice Quentin Bauchart (1857-1910).
Et pour Émile Ollivier, élu député républicain sous le Second Empire avant de diriger le gouvernement à l'époque de l'Empire libéral : « La révolution du 4 septembre, qui désorganisa tout le mécanisme gouvernemental, au moment où ses ressources allaient être le plus nécessaires à la défense du pays, fut un acte tellement coupable que ceux qui en ont profité se sont constamment défendus de l’avoir fomentée ».
Sans oublier la sanguinaire "Commune" : la république s’était établie au prix d’une guerre civile urbaine et d’une « semaine sanglante» qui fit 20.000 morts.
Et, comme c'est souvent le cas, les plus redevables des largesses impériales se hâtèrent de renier leurs malheureux bienfaiteurs : dès le 18 septembre 1870, le conseil municipal débaptisa la Plage de l'Impératrice pour l'affubler de la banale appellation de " Grande Plage ", et des émeutiers s'en prirent à la villa et à la chapelle, dont ils vandalisèrent à coups de marteaux les ailes des aigles impériales décorant les chapiteaux des colonnes du porche.
Mais heureusement, elle ne brûla pas car le capitaine Etienne Ardoin, grand mutilé de la bataille de Sébastopol et commandant de la villa Eugénie s'interposa, revolver au poing, devant l'entrée de la chapelle, avec ces mots fermes et courageux : « J'ai huit balles, elles vous descendront, il se peut que vous me tuiez, toutefois j'aurai défendu ce bien qui ne vous appartient pas » !
Soixante-dix ans plus tard, cette IIIème République s’effondrera dans une défaite ; et quelle défaite ! Celle de 1940, entraînant cinq ans d’occupation allemande, laissant la France exsangue, à l’issue de la deuxième guerre mondiale.
Je ne résiste pas au rappel de ces quelques lignes trouvées dans le « Journal d'un écrivain » de Dostoïevski (1873) : « Décidément il existe chez tout républicain une conviction fort malheureuse, à savoir que le mot de « république » suffit à tout et qu’il n’y a qu’à dire que le pays est une République pour que son bonheur soit assuré de l’éternité. Tout ce qui arrive de fâcheux à la République, on l’attribue à des circonstances extérieures gênantes, à des prétendants, à des ennemis perfides. Pas une fois on ne songe à la ténuité des racines qui unissent la République au sol français ».