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Des Hommes
Henri Didon et Pierre de Coubertin, à l'origine des Jeux Olympiques
Henri Didon et Pierre de Coubertin, à l'origine des Jeux Olympiques

| Jean de L'Ecluse 810 mots

Henri Didon et Pierre de Coubertin, à l'origine des Jeux Olympiques

Peu se souviennent de l'amitié qui unissait Henri Didon, personnage fougueux, et Pierre de Coubertin, promoteur moderne des Jeux Olympiques aux XIXème siècle (notre photo de couverture).

Pierre de Coubertin allant rencontre Henri Didon pour lui demander "d'inscrire l'enseignement et la pratique des sports à l'école" dans les grandes institutions dominicaines de l'époque, parmi lesquelles le Collège Albert Le Grand d'Arcueil.

Dans notre enfance, lors de ces JO scolaires organisés comme à l'ancienne tous les quatre ans dans les écoles catholiques du diocèse de Bayonne, particulièrement à Ustaritz, la devise latine citius, altius et fortius était rapportée sans en saisir la nuance, "plus vite, plus haut, plus fort", comme un défi éducatif permanent de la part des enseignants et des élèves des écoles.

Henri Didon était un personnage atypique ou décalé comme on aime à dire de la restauration de l'olympisme français appliqué pour quelques sujets rebelles peu soumis à la contrainte disciplinaire de l'époque !

Mais le jeune Didon est-il un cas d'espèce ? L'enfant visite la Grande Chartreuse à 9 ans, pour la première fois : séduit par le cadre monastique du lieu, il entrera chez les moines à 16 ans pour y faire son noviciat.

Des études brillantes et la pratique du sport continu expriment sa volonté d'allier les deux disciplines en commun, mais un projet corrigé du précédent le guide vers les Dominicains où à 22 ans, il prend l'habit de l'Ordre. Ce sera "ad vitam", pour la vie !

Comme tout dominicain exercé, il prêche à Londres puis à Liège, jeune recrus promis à un bel avenir, puis à Paris, mais la guerre de 1870 le presse de devenir aumônier militaire, et l'obéissance étant la règle de l'Ordre des prêcheurs, il s'y soumet, mais pour peu de temps  !

L'armée engagée autour de la Moselle, l'épreuve de l'affrontement contre les Allemands, l'obligent, en raison d'un patriotisme fervent.

De Marseille il retourne à Paris où les études relatives entre la foi chrétienne et la science, ses amitiés avec Pasteur, sa famille et ses parentés privées, le pressent d'être à la fois un confident et un religieux à la disposition de leurs attentes.

Un séjour d'études en Allemagne lui permettra de rédiger un livre sur les Allemands, un autre sur le thème religieux, la Vie de Jésus Christ, suite à des études philosophes sur Kant et la pensée allemande.
Mais ses livres sont dérangeants. L'homme est impétueux, fougueux et sans nuance !

Il fera l'objet de l'admiration des uns, de la détestation des autres, et de l'appui du pape Léon XIII qui admire son génie et sa passion religieuse. Il n'en fut pas de même de l'archevêque de Paris ni de ses supérieurs qui lui demandaient de la modération et manifestaient une gêne à le soutenir.

Henri Didon, éducateur-né à la tête d'une caravane d'étudiants mena des voyages d'études à l'étranger. Pour l'époque, une révolution mentale que de prendre "le train de l'histoire" pour un périple qui de l'Europe de l'Est les conduiraient jusqu'à Constantinople, comprenez Istanbul en Turquie, aujourd'hui.

On décide à nouveau de l'éloigner de Paris et du réseau d'influence qu'il occupe pour l'envoyer en Corse dans un séjour au soleil et loin des relations dont il disposait en la capitale des Gaules !

Flibustier pour les uns, admirable et passionné missionnaire des temps modernes, chacun faisant son choix dans le casting de ses élus, Henri Didon développe à Arcueil, dans la grande institution dominicaine, l'idée de réunir en "la même France des enfants de la laïque et de la catholique" à l'occasion de ces compétitions expérimentales pour l'époque, qui permettraient à Pierre de Coubertin de jauger de la faculté de créer entre "des adversaires potentiels", des échanges sportifs encadrés par une discipline physique et morale sans défaut !

L'idée avait pris naissance, sa viabilité se prouvait et la capillarité de sa diffusion évoluait dans les esprits qui en comprenant l'horizon accordaient le bénéfice de tenter l'expérience, encore embryonnaire.

Un exemple est celui de Sacha Guitry, unique d'indiscipline et d'intelligence rebelle à toute autorité. Henri Didon lui en donna le bénéfice. On pouvait faire grandir des enfants difficiles dans cette harmonie sport et étude et leur apporter une stabilité psychologique malgré  une scolarité tumultueuse !

Sacha Guitry disait à son maitre : "je ne crois plus en votre Dieu"... Henri Didon lui demanda de pratiquer chaque jour la messe pendant un mois, l'histoire ne dit mot s'il en fut récompensé de la sorte !

Telle une vie singulière liée à une amitié entre deux hommes de deux univers distincts, mais pris de passion pour l'éducation de la jeunesse de leur temps et pour la France !

Henri Didon repose depuis mars 1900, année de sa mort, dans le tombeau collectif des dominicains au cimetière de Cachan !

Les historiens curieux des origines des JO feuillètent le Bulletin d'Arcueil comme une documentation d'époque unique de cette rencontre.

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